Nourritures illégales du monde
Les mets les plus dégoûtants sont-ils bien ceux que l'on croit ?
Et si on disait que votre estomac vous mettait au défi ? Ne partez pas, nulle scatophilie ne sera évoquée en ces lignes – notez la prétérition.
Toujours est-il qu'il s'agirait d'un défi parfaitement réalisable : non pas de manger les choses les plus immondes, mais les choses les plus… illégales.
Illégales ? Comment une nourriture peut-elle être illégale ? Bonne question. Tout d'abord, il vous faudra voyager : la plupart des aliments cités ici sont légaux dans une bonne partie du monde, mais deviennent hors-la-loi dans certaines contrées… pas forcément reculées. La preuve ?
Prenez par exemple l'ortolan, un petit oiseau commun dans le Midi. Cet animal a la malchance d'être un mets de luxe autrefois réservé aux princes de ce monde : une fois capturé, l'oiseau est aveuglé puis gavé pendant plusieurs mois à l'avoine, au millet blanc et aux figues pour l'engraisser. La suite ? Trois fois rien : noyé dans l'armagnac, l'oiseau est consommé en sucette (la tradition demande de ne pas mâcher). Intéressé ? L'amende en France pour la chasse de cet oiseau peut atteindre les 10 000€. Bonne nouvelle : les mangeurs ne risquent rien. Ce qui arrange MM. Mitterand et Juppé, grands consommateurs de ce mets de luxe !
Plus exotique, le mangoustan est un fruit de la taille d'une balle de golf. Sa production n'est pas illégale ; mais son importation d'Asie l'est : les feuilles peuvent cacher des larves de mouches extrêmement dangereuses pour les cultures. Et même à l'heure de la mondialisation, les gouvernements européens et américains rechignent à donner leurs papiers à ces petites clandestines.
Vous voulez encore des exemples ? Je pourrais parler du fugu, mais il a déjà été mentionné sur ce site. Parlons donc du haggis. Vous ne connaissez pas ? Quel dommage ! La recette est pourtant simple : prenez cœur, foie et poumons d'agneau, ajoutez quelques épices et placez le tout dans un bout de boyau du même mouton. Cette délicieuse préparation est malheureusement prohibée aux États-Unis si vous y mettez les poumons ou la trachée de l'animal. Quel gaspillage ! Ils iraient presque jusqu'à interdire qu'on y mette les poils. Tout cela m'avait pourtant l'air délicieux.
Toujours à l'étranger, on trouve le durian : un fruit de 40 cm de long pouvant peser jusqu'à 5kg ! Très peu exporté, le fruit reste interdit dans les lieux publics de nombreux pays du Sud Est asiatique pour son odeur écœurante :
Son goût et sa saveur ne peuvent être décrits que par le qualificatif… d'indescriptible, quelque chose que soit vous adorerez, soit vous détesterez. Votre haleine ressemblera à celle que vous auriez si vous aviez embrassé intensément votre grand-mère morte depuis des lustres.
Mais revenons en Europe et parlons du Casu Marzu – que vous connaissez peut-être sous son nom italien, formaggio marcio. Le concept, est encore une fois, simple : prenez un pecorino, et placez dedans des larves de mouche. Le fromage est alors entièrement digéré – comprendre : le fromage est un excrément. Comment savoir quand le niveau de décomposition est le bon ? Très simple : si les larves sont mortes, c'est trop tard. Si vous ouvrez le fromage au bon moment, vous serez accueilli par des larves de huit millimètres de long capables de sauter à une vingtaine de centimètres (on conseille de porter des lunettes de protection pour consommer ce mets de choix). Vous l'aurez compris, ôter les larves est facultatif… ce qui amène son lot de problèmes. Comme vous l'imaginez, les conditions dans votre estomac sont ridiculement hospitalières pour une larve qui a survécu au fromage. Non digérées, vos nouvelles amies pourront entraîner une myase intestinale – en cas de nausées, vomissements ou diarrhées sanglantes consultez votre médecin afin d'obtenir l'extradition de ces persona non grata.
Décidément, rien ne vaut un bon steak frites !