Imaginez que vous entamez une conversation en sortant de chez vous ou chez un ami que vous venez de visiter. Vous passez dans un couloir pour arriver à l'ascenseur… Vous continuez de parler, mais moins fort ou de choses moins privées. La porte s'ouvre et vous n'êtes plus seuls.

Que faites-vous ?

  1. Vous vous taisez.
  2. Vous souriez en rougissant de gêne.
  3. Vous saluez.
  4. Vous essayez, tant bien que mal, d'entamer la conversation avec les autres utilisateurs.

Le plus souvent, nous saluons et nous nous taisons ensuite. Pourquoi ?
Parce que nous commençons à discuter dans le cadre privé d'un appartement, même si les voisins peuvent entendre si les cloisons ne sont pas épaisses et que les portes sont une vraie aubaine pour les curieux. Mais nous y pensons peu en étant entre les murs d'une résidence privée.

Le fait de passer le cap de la porte, nous prenons conscience de l'existence des autres. Nous nous rendons compte que la sphère dans laquelle nous entrons est publique, que tout ne doit pas être entendu et qu'il est bon d'adopter une attitude de repli sur soi, afin de ne laisser paraître qu'une apparence de méfiance (plus ou moins importante selon les personnes), et de se sentir moins vulnérable face aux autres.

Alors, nous faisons comme tout le monde, nous répondons par un mécanisme simple et conventionnel : un « bonjour » ou un hochement de tête pour montrer aux autres que nous les prenons en considération. En effet, ces codes sociaux permettent de souligner la non-ignorance et la non-indifférence à autrui, sans pour autant en dire plus. En effet, très souvent, quelqu'un qui vient nous faire partager des propos commencés avant l'entrée dans l'ascenseur nous paraît suspect : c'est ici un réflexe de mise en garde personnel.

Gêne en ascenseur

De plus, c'est un endroit où nous nous sentons tous un peu mal à l'aise, qu'il y ait ou non quelqu'un d'autre. En effet, c'est un espace confiné, étroit, dans lequel nous sommes serrés, voire même où nous avons l'impression d'étouffer (pour les claustrophobes notamment). Nous avons tous besoin d'un minimum d'espace vital pour nous sentir en sécurité, et dans l'ascenseur, ce cercle d'intimité ne peut pas être respecté. Il nous faut environ 2 m d'espace avec des inconnus, alors qu'avec des personnes proches, la distance appréciée est entre 50 cm et 1 m environ. Pour la sphère intime, nous ne pouvons plus vraiment parler de distance nécessaire. Ces chiffres ne correspondent qu'à la notion d'espace vital chez des personnes d'origine française, cette notion de sécurité ne faisant pas partie de tous les systèmes sociaux. Nous pouvons remarquer que si ces distances ne sont pas respectées, nous nous sentons menacés, en conflit psychologique avec nous-mêmes.

L'ascenseur est un lieu incertain, mécanique, pas toujours très fiables puisque souvent assez vieux ou très utilisé donc présentant plus de chances de tomber en panne. Ces craintes sont accentuées par les scénarios catastrophes des films que l'on a tous en tête, par les photos ou gros titres des journaux qui nos révèlent des accidents extraordinaires, et ils le sont, puisqu'ils ne sont, en réalité, que très peu fréquents.

Cela dit, tout le monde ne se sent pas aussi mal dans ce lieu : certains en profitent même pour changer ce lieu en un coin d'intimité.

Relations intimes

Si c'est une manière comme une autre de mêler l'agréable à l'utile, méfiez-vous des lois : elles ne l'autorisent pas. Une raison principale à cela : le regard des autres. Celui des enfants, notamment, qui pourraient être choqués à cette vue.

Alors, pour rendre le voyage le plus serein possible : parlez aux autres utilisateurs, s'il y en a, concentrez-vous sur ce qu'ils portent et créez un lien pour converser, utilisez une pointe d'humour, de préférence, et la méfiance cessera.

Et sinon, faites comme des millions (voire des milliards) d'utilisateurs : croisez les doigts pour que le voyage paraisse le plus court possible. Pensez à un souvenir heureux, à une sensation calme… et le temps semblera réduit.