Imaginez la scène : La mère est encore au travail, le père aux fourneaux(1) et le bambin désolé court raconter ses peines… à un robot !
Bon ! d'accord : certains doudous, ours en peluche ou bons toutous attentifs reçoivent bien des confidences et l'enfant s'endort, sa peine allégée d'être partagée, fut ce par une présence inerte et silencieuse.

Doudou confident

La détresse ne touche pas que les bambins(2) : il suffit de visiter une maison de retraite et certaines personnes paraissent ailleurs, perdues dans un monde étrange, imperméables à toute communication et ne recevant parfois aucune visite. Que vient faire là un robot ?

Un robot pour le tendresse ?

Un robot ! contre la détresse humaine ? N'importe quoi !
On connaît les robots ménagers, les robots des chaînes de montage, pas franchement ce qu'on imagine pour se sentir compris !
Bon ! d'accord : la mode a poussé certains à s'acheter un tamagotchi, animal virtuel dont il faut s'occuper ! mais même un poisson rouge est plus affectif…

Tamagotchi ? pas évident pour la tendresse

Et pourtant ! On a mis au point des robots très complexes interactifs qui semblent réagir à la voix humaine et à la caresse… Ils sont achetés en Asie principalement comme animaux de compagnie robotisés et utilisés en Occident à titre expérimental comme robot émotionnel thérapeutique.

Paro, le robot, création japonaise

Le robot Paro, mis au point au Japon, est employé dans certaines cliniques et centres de soins européens. Il s'agit d'un ordinateur complexe logé dans un adorable petit phoque en peluche : l'animal ne peut se déplacer, mais il peut adopter des postures différentes de la tête et surtout des expressions faciales : de grands yeux, des paupières, des cils animent finement ce modèle. Les sons sont captés et d'autres émis en réponse et de nombreux capteurs lui permettent de réagir à l'intensité d'une caresse. Il faut lui proposer une pseudo tétine pour le recharger en énergie de façon presque naturelle.

Tendresse retrouvée…

Un documentaire d'Arte nous invite à découvrir ce robot : Annette Wagner a suivi des patients, leur famille et le personnel soignant dans un centre de soins de Brême, où l'on teste ce robot, mais aussi en France, au Danemark et au Japon.
On y voit des personnes isolées par la maladie réagir à ce robot : tourner leur regard vers lui, le caresser, le bercer, lui parler, parler entre eux aussi…

Le robot permet même l'interaction des personnes

En stimulant la communication avec le patient, le robot propose une approche nouvelle et non médicamenteuse du traitement de la démence. Annette Wagner interroge des experts internationaux sur les enjeux scientifiques et éthiques de cette méthode. Quels sont les résultats de cette surprenante technique thérapeutique ? Ces robots peuvent-ils réussir là où échouent les médicaments, et parvenir à freiner le développement des maladies mentales ou du moins à soulager leurs symptômes ?

Se comprendre : voilà l'essentiel !

Dans la scène qui a ouvert cet article, le bambin n'obtient aucune réponse de son doudou, mais le bon toutou, lui, va le regarder, tourner la tête, peut-être lui donner sa patte ou le lécher et cette communication va apaiser le bambin.
De même, la présence d'un animal bien vivant apporte en maison de retraite de la vie, une communication sans mots, mais bien réelle. Des scientifiques confirment les bienfaits en particulier sur la tension des personnes.

Se baisser pour caresser le chien, le kiné n'en revient pas !

Quelques rares maisons de retraite adoptent un animal à demeure, plus simplement un nombre croissant de ces maisons accueillent des chiens visiteurs : ces chiens sont bien sûr préalablement testés pour leur caractère, surveillés d'un point de vue sanitaire et accompagnés de leur maître formé. L'arrivée des chiens est très attendue des résidents, c'est la fête aussi pour le personnel et les soignants découvrent soudain leurs résidents sous un autre œil, soudain vivants et même humains semblables à eux.

Complicité…

Alors, animal réel ou robot ?
L'animal se fatigue, le robot non(3). Le robot est un investissement financier inabordable pour beaucoup d'établissements…
Un autre point apparaît dans le documentaire : investissement crucial dans les deux cas.
L'animal, ni le robot ne sont seuls face à la personne : l'animateur ou un soignant qui s'adresse à la personne qui tient le robot, le maître du chien(4), cette personne établit la vraie communication humaine et le robot comme l'animal ont été des médiateurs, géniaux et thérapeutes malgré eux, mais sans l'humain, le bienfait sera moindre. Et les personnels sont débordés.
La toute puissance de l'économie dans notre société peut nous interroger…

Alors, robot, animal ? que faire sans solidarité humaine ?

Les personnes âgées, mais aussi handicapées ou malades, adultes ou enfants… Là où l'animal ne serait pas admis


  1. (1) Eh ! eh ! j'ai évité le cliché habituel…
  2. (2) Heureusement pour la plupart des enfants, elle sera de courte durée… des bras chaleureux viendront bientôt rasséréner le nourrisson.
  3. (3) Son autonomie est grande et il se recharge au besoin.
  4. (4) Ou également l'animateur ou un soignant qui s'adresse à la personne.