Spasme de ma faute !
Pourquoi sursaute-t-on dans son sommeil ?
Salut à toi, lecteur toujours fidèle !
Salut à toi, lecteur occasionnel !
Salut à toi, lecteur qu'on dépucelle !
Salut à toi, quatrième rime en [εl](1) !
La fois dernière, je vous parlais de viande morte. Il est donc naturel que je commence le sujet d'aujourd'hui en vous parlant de ma compagne, qui est bien vivante.
Je vais couper court à tout clabaudage malséant : je ne vous dévoilerai en aucun cas des détails intimes sur l'étoile de mes nuits. Ses mensurations, son prénom et sa souplesse me sont trop précieux pour en faire l'étalage public. Montrer ma culture à tous les vents est déjà bien assez impudique. Non, ma douce et tendre coreligionnaire en literie à ressorts ne sera mentionnée ici qu'à des fins d'explication du comment-qu'est-ce-que-j'ai-pensé-à-ça.
Donc, comme vous l'avez tous compris, c'est grâce à ma moitié que j'eus l'illumination. Il y a deux nuits de cela, alors quiet et prêt à m'endormir, je fus pris d'un spasme au moment fatidique de mon abandon à l'onirique adultère homosexuel(2), retardant ainsi, au premier abord, de quelques minutes mon départ vers le pays des songes. Malheureusement pour moi, le sursaut que j'eus heurta contre mon gré le menton de ma partenaire de matelas qui, bien naturellement, me houspilla véhémentement et m'enjoignit avec force de quitter le lit sous peine de représailles douloureuses.
C'est ainsi que, le lit m'étant interdit et la démarche bancale (le peu d'empressement que je mettais à quitter ma couche ayant incité ma coquine à m'y aider à grand renfort de postéropodage(3)), je décidais de m'isoler dans cet endroit charmant où, confortablement assis sur mon trône d'albâtre, j'ai pris l'habitude de m'adonner à des réflexions poussées.
D'où viennent ces sursauts nocturnes ? Sont-ils communs ? Sont-ils bénins ? Ont-ils un nom bien défini afin que je puisse me venger de ma comparse de multispires en lui foutant un coup de genou dans les seins et m'en tirer en rejetant la faute sur l'un de ces sursauts ?
Fort de ces interrogations et l'esprit plus léger, j'entrepris de me renseigner à la lueur blafarde et glauque de mon écran d'ordinateur. Et grande fut ma joie lorsque j'appris que je pourrais dès la nuit prochaine me justifier lors d'incartades musculaires vespérales de la manière suivante :
E : Tu te fous de ma gueule ‽ Qu'est-ce que c'est encore que ces conneries ?
M : Une myoclonie, ô délicate fleur d'amour, est une contraction musculaire involontaire. Du grec klonos (agitation) et de μυός, muos, génitif de μῦς, mus (muscle). Il en existe différents types, plus ou moins bénins, et celle qui nous intéresse aujourd'hui est la myoclonie hypnagogique(4), aussi appelée myoclonie d'endormissement ou sursaut d'endormissement.
Ces agitations nocturnes sont totalement bénignes et ne sont pas considérées comme un trouble du sommeil. Elles sont de temps à autre accompagnées d'hallucinations hypnagogiques, le plus souvent de type vestibulaire comme des sensations de chute(5). Elles sont assez fréquentes et peuvent ou non réveiller le dormeur. Dans mon cas, elles le font. À toi aussi, d'ailleurs, mais uniquement à cause de notre proximité charnelle.
Attention cependant à ne pas les confondre avec le syndrome des jambes sans repos, qui est une maladie, ou avec les épilepsies nocturnes, bien plus graves.
E : C'est intéressant tout ça. N'y a-t-il pas un moyen de les prévenir et de dormir tranquille ?
M : Eh bien ! ma houri chérie, les causes de ces sursauts sont encore vagues. Certains pensent que le stress et certaines émotions en sont une cause (ou qu'ils en sont un remède). Ils permettraient de décharger les émotions telles que colère, peur, dépression, etc. , ainsi que le stress de la journée pour faciliter l'endormissement et un sommeil paisible.
E : Le stress, dis-tu ? Je connais un très bon moyen de relâcher la tension. Moyen qui te fera aussi fermer ta gueule un instant, mon bel étalon.
M : Youhou ! En selle !
La décence m'interdit de poursuivre plus avant cette discussion (qui de toute façon ne comporte que des voyelles) et me pousse à conclure.
Les sursauts du sommeil ont donc un nom bien connu : les myoclonies d'endormissement (ou hypnagogiques).
Les myoclonies sont donc ces mouvements brusques et involontaires d'une partie ou de tout le corps. Celles dont nous avons parlé sont sans dangers ni conséquences sur la santé, néanmoins, d'autres s'observent dans le cadre d'affections neurologiques plus graves et sont souvent les manifestations physiques de crises (d'épilepsie, par exemple).
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Vous vous endormiez moins bêtes et, si vous partagez votre couche avec une personne encline à la chose et en jouant bien vos cartes nouvellement acquises, vous serez peut-être chanceux ce soir !
- (1) ↑
— Elle est toujours là.
— Peut-être qu'elle hiberne.
— Avec ce froid, ça ne m'étonnerait pas.
— Vin chaud ?
— Avec plaisir. - (2) ↑ Morphée est un homme, oui. Contrairement à la sagesse populaire qui veut que la culture soit comme les parachutes et que sans l'un ou l'autre, on s'écrase, il est possible de vivre sans la moindre espèce de culture comme l'a brillamment démontré Neamar.
- (3) ↑ Prodigieux néologisme d'un mien ami illustrant avec grâce le « coup de pied au cul ».
- (4) ↑ Qui précède immédiatement le sommeil.
- (5) ↑ Parfois des hallucinations auditives ou visuelles peuvent survenir.