Nous voici donc réunis, en cette semaine consacrée aux questions… étranges ! De mon côté, je vais devoir vous parler des hochements de tête.

Quelle tradition plus universelle que le hochement de tête vertical pour exprimer l'approbation, et latéral pour la négation ? Mais d'ailleurs, d'où vient cette tradition, et puis, est-ce vraiment une tradition universelle ?

Non. Si vous pourrez retrouver cette habitude dans la plupart des pays, ce n'est pas le cas partout. En Turquie, en Roumanie, en Albanie et en Bulgarie, ces gestes sont purement et simplement inversés. En Polynésie, on dit « oui » en haussant les sourcils. En Grèce, on dira « non » en levant le menton… Prudence, donc.

Mais revenons en France, et à la tradition la plus répandue sur la planète. Pourquoi, donc, avoir choisi ces mouvements pour le « oui » et le « non » et pas d'autres ?

Plusieurs raisons sont évoquées. La première, c'est que l'on en sait fichtrement rien. La seconde associe ce geste à un héritage génétique, puisque l'on retrouve notamment chez les lézards ces mouvements de tête. Chez nos cousins reptiles, ils servent simplement à montrer sa présence.
Mais d'un point de vue philosophique, est-ce que dire « oui », c'est affirmer sa présence ? Si l'on s'en rapporte à Alain, ce n'est clairement pas le cas. Pour lui, le signe du oui est celui d'un homme qui s'endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Il va même plus loin en annonçant que penser, c'est dire non, et par opposition que la personne qui approuve ne pense pas. De là à invoquer Descartes et son célèbre je pense, donc je suis, il n'y a qu'un pas que nous ne franchirons pas afin d'éviter un sophisme.

Mais on peut alors se poser la question du peuple Bulgare (entre autres), pour qui le « oui » s'exprime comme notre « non », et inversement. Sont-ils en fait une autre espèce ? Clairement, non. Mais pourquoi, alors, s'expriment-t-ils ainsi ? Est-ce car les Bulgares ont une connaissance naturelle de la philosophie et veulent exprimer leur capacité à penser sans sombrer dans la contradiction systématique(1).

En fait, personne ne sait vraiment. Certains aspects nous font penser à un geste acquis, d'autres à quelque chose d'inné… Dans les deux cas, tous les problèmes ne sont pas réglés. La preuve que les question les plus anodines ne sont pas forcément les plus simples !


  1. (1) Car, c'est ce qui risque d'arriver à cause d'Alain !