Vous vous rappelez des lignes du bas du tableau de Mendeleïev, croisé au détour d'un exercice ou d'un TP de physique-chimie au collège ou au lycée ? Celles qu'on regarde en rigolant à cause des noms étranges ? Eh bien le « Ununoctium » est à l'extrémité de la septième ligne. Son symbole est « Uuo », et son numéro atomique, le 118(1)(2).

Tableau de Mendeleïev

Il a été obtenu en 2002(3) (publication seulement en 2006) en bombardant des atomes de calcium sur d'autres de californium. C'est le laboratoire russe Flerov Laboratory of Nuclear Reactions du JINR qui a réalisé le protocole, avec l'aide matérielle du LLNL américain. Il était désigné par « éka-radon » (qui signifie « en dessous du radon » dans le tableau périodique) avant d'être obtenu. Les russes ont voulu le baptiser Moskovium, mais les américains n'ont pas été d'accord, bref, pour l'instant la dénomination officielle reste pour la dénomination systématique « un-un-oct-ium » (1-1-8) de l'UICPA.

Pourquoi est-ce que je m'intéresse à cet atome en particulier ? Et bien, parce que cet atome est le plus gros qu'on ait réussi à synthétiser, et dont la synthèse est largement acceptée(4). Sachant qu'à l'état naturel, l'atome avec le plus grand numéro atomique que l'on puisse trouver est, sous des conditions très rares(5) du plutonium, dont le numéro est 94. Concernant notre no118, on a réussi à en synthétiser exactement trois atomes.

Ces trois atomes n'ont pas permis de déterminer des propriétés physiques et chimiques de cet élément. Elles sont donc de fait théoriques ou calculées. Pour résumer, malgré le fait que cet élément soit dans la colonne des gaz nobles, inertes, il serait apparemment assez réactif, et se rapprocherait peut être d'un métal semi-conducteur.

En revanche, on a pu estimer sa période de demi-vie radioactive(6) entre 0,6 et 2ms. Bien loin des millions d'années dont on entend parler pour l'uranium, plutonium et autre thorium(7) ! En réalité, au delà du Mendélévium 101, aucun élément ne dépasse une journée de demi-vie, et au delà du Meitnerium 109, aucun ne dépasse 30s.

Alors vous me direz, quel intérêt à essayer d'obtenir ces éléments toujours plus gros si ils se désintègrent immédiatement ? La suite dans un prochain omnilogisme, sur la quête de l'îlot de stabilité.


  1. (1) Mais ce n'est pas un service de renseignement téléphonique comme on a pu le voir dans un autre omnilogisme.
  2. (2) Et donc, humour du niveau de la mer mis à part, cela signifie qu'il est composé, entre autres, d'exactement 118 protons.
  3. (3) Après une première annonce en 1999 annulée, certains résultats ayant été falsifiés.
  4. (4) Certaines publications, comme celle du CNRS dont le lien est en source, font état d'atome de numéro plus importants, (120, 124, …), mais les durées d'observations sont extrêmement courtes, environ \(10^{-18}\)s
  5. (5) À savoir certaines structures géologiques où l'uranium était très concentré.
  6. (6) Durée nécessaire pour que la moitié des atomes de l'élément se désintègrent naturellement.
  7. (7) 14 milliards d'années !

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