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Dans les articles précédents, nous avons vu comment le VIH infectait l'organisme, ainsi que la nature du SIDA qui en découle. Nous allons maintenant nous intéresser aux moyens de dépistage, ainsi qu'aux traitements qui permettent le retardement de l'apparition des symptômes.

Eh oui, comment faire pour savoir si une personne est réellement infectée par le VIH ? On va en fait utiliser un moyen « détourné » : on teste la séropositivité au VIH du patient, si on trouve une concentration importante d'anticorps anti-VIH, il est déclaré séropositif et un autre test devra être effectué quelques semaines plus tard pour confirmer ou non le résultat, sachant qu'en général, les anticorps sont produits en grande quantité au bout de 2-3 semaines.

Le test s'appelle ELISA : enzyme-linked immunoSorbent assay, soit, en gros, dosage d'immunoabsorption par liaison d'enzyme. C'est du charabia pour tout le monde, donc je vais expliquer rapidement(1) le principe : on a au fond d'un petit puits (enfin, quand je dis puits, imaginez les minuscules bocaux de verre qu'on voit à la télé dans des séries policières dans lesquelles ils mettent pleins de trucs bizarres à tester) le virus du VIH, accroché aux parois. On verse du sérum du patient dedans. Si celui-ci contient des anticorps anti-VIH, ils vont se fixer aux virus, sinon, rien ne se passera.

On met ensuite un autre anticorps, qui s'accroche au complexe VIH + anticorps anti-VIH, ainsi, si le sérum contient des anticorps anti-VIH, les anticorps anti-« VIH + anticorps anti-VIH » vont se fixer eux aussi au VIH, donc à la paroi. Or, ces « super-anticorps »(2), quand ils sont mis en présence d'une certaine molécule, réagissent avec celle-ci, ils ont une activité enzymatique. Ainsi, on rince le puits dans lequel ont mijoté tous les produits ajoutés, et on rajoute cette molécule, qui est appelée substrat(3).

Si il reste des « super-anticorps » au fond du bocal, parce qu'ils sont restés accrochés aux anticorps anti-VIH qui sont restés accrochés au VIH qui est resté accroché aux parois, on observe une jolie coloration bleue. Si il n'y avait pas d'anticorps anti-VIH à l'origine dans le sérum, aucune coloration n'apparait, puisque tous les super-anticorps introduits disparaissent avec le rinçage.

Voici un schéma qui démystifiera peut-être un peu toute cette opaque explication :

Démonstration en image…

Ceci permet de détecter assez simplement la présence du VIH, à travers la présence des anticorps spécifiques de celui-ci, dans l'organisme de n'importe quel patient.

Maintenant, comment fait-on pour combattre le SIDA ? Le principal problème réside dans le fait que le SIDA est extrêmement variable, et que par conséquent aucun anticorps ou presque ne peut se fixer dessus (la fixation se fait en fait par complémentarité de forme, comme des briques Légo qui s'emboîtent). L'organisme est donc impuissant pour éliminer le VIH. La seule solution réside dans l'inhibition du virus. C'est-à-dire qu'on a créé des substances qui permettent de ralentir considérablement le rythme de reproduction et de développement du VIH. Chaque substance est principalement affectée à une partie du VIH, par exemple, la membrane, ou la rétro-transcription de l'ARN. Les traitements sont en général des tri-thérapies, on fait donc prendre au patient trois de ces substances, ce qui permet d'allonger considérablement la durée de la phase asymptomatique.

Mais la principale limite à ce combat est le manque de dons et d'informations.
Le ruban rouge, symbole de la lutte contre le SIDA.


  1. (1) Ceux qui sont sceptiques sur la rapidité de l'explication à venir n'ont sûrement pas tort.
  2. (2) Cette appellation est tout sauf scientifique, mais c'est pour éviter les embrouillements.
  3. (3) La substrat d'une enzyme est la molécule avec qui celle-ci réagit.