On vous l'a fait cent fois quand vous étiez écolier : le mot le plus long en français serait anticonstitutionnellement (25 lettres). Pas trop mal, mais ridicule par rapport aux Allemands, quand on connaît leurs capacités d'agglutination des suffixes. Par exemple, en 1999, le parlement de Poméranie a débattu d'un projet de loi sur le transfert des obligations de surveillance de l'étiquetage de la viande bovine appelé en toute simplicité Rindflei­schetike­ttierung­süberwachu­ngsaufga­benübertragu­ngsgeset­z (63 lettres). Même Mary Poppins, auteur de la célèbre formule supercalifragililisticexpialidocious (34 lettres) aurait eu du mal à le prononcer ! Toutefois, ce qu'on ne disait pas quand on était petit, c'est qu'il existe des mots bien pire qu'anticonstitutionnellement, mais qu'ils ne figuraient pas dans les dictionnaires usuels.
Pour une vrai bonne pêche au mots géants, c'est dans les lexiques de médecine qu'il faut aller chercher.

Quoi de plus basique que le mot caca, par exemple, l'un des premier mots que l'enfant articule ? Et pourtant, le terme exact pour signifier la peur de la constipation est le suivant : apopathodiaphulatophobie (24 lettres). Mieux : l'une des radiographies pratiquées sous la moelle épinière porte le joli nom de myélosaccoradiculographie (25 lettres). Si c'est l'appareil intestinal que vous explorez, vous gagnerez encore 3 lettres en pratiquant une œsophagogastroduodenoscopie (28 lettres). Remarquez qu'en découpant le mot correctement, on comprend les composantes.

Et si ces nombres vertigineux ne vous font pas peur, peut-être vous sentirez-vous de taille à lire le mot désignant la peur du nombre 666 l'hexakosioihexekontahexaphobie (29 lettres).

La toponymie offre également de beaux spécimens exotiques, comme le village mexicain de Parangaricutirimicuaro (22 lettres), la bourgade hollandaise de Gasselterboerveenschemond (26 lettres) ou le lac américain Chargogg­agoggman­chauggag­oggchaub­unagunga­maugg (45 lettres). Le pays de Galles fait encore plus fort avec la ville de llanfair­pwllgwyn­gyllgoge­rychwyrn­drobwlll­lantysil­iogogogo­ch (58 lettres), ou encore ce nom de gare, à peu près aussi long que le quai : Gorsafaw­ddacha'i­draigoda­nheddogl­eddollônpenrhyn­arerdrae­thceredi­gion (68 lettres).
Mais le record mondial est détenu par une colline de la Nouvelle-Zélande, affublée du sobriquet de Taumataw­hakatang­ihangako­auauotam­ateaturi­pukakapi­kimaunga­horonuku­pokaiwhe­nuakitan­atahu (85 lettres).
Mais c'est de la triche me direz-vous : en matière de nom propre, on peut toujours inventer plus long et plus compliqué sans se plier aux règles linguistiques, et puis, ce ne sont pas des mots français…

D'accord, revenons au français, mais ouvrons cette fois un manuel de chimie. Nous y trouverons par exemple un gaz lacrymogène appelé \(CS\) de son nom de scène, mais qui dans le privé, s'appelle orthochlorobenzalmalononitrile (30 lettres). Quant à la bête vitamine B (riboflavine pour les intimes), si elle déclinait son identité complète, elle se révèlerait sous l'appellation de chlorure d'aminométhylpyri­midinylh­ydroxyth­ylméthythiaz­olium (49 lettres), ce qui mériterait bien un passeport néo-zélandais. À partir de là, rien n'empêche les chimistes d'inventer des molécules complexes… et donc les mots à rallonge infinis qui les désignent. Un exemple extrême ? La molécule codifiée \(C_{1289}H_{2051}N_{343}O_{375}S_8\) : si elle était écrite en toutes lettres, elle occuperait pas moins de 1 878 lettres… La preuve ? Methionyl­glutamin­ylarginy­ltyrosyl­glutamyl­serylleu­cylpheny­alanylal­anylglut­aminylle­ucyllysy­lglutamy­larginyl­lysyglut­amylgycy­lalanylp­henylala­nylvalyl­prolylph­enylalan­ylvalylt­hreonyll­eucylgly­cylaspar­tylproly­lglycyll­isoleucy­lglutamy­lglutami­nylseryl­leucylly­sylisole­ucylaspa­rtylthre­onylleuc­ylisoleu­cylgluta­mylalany­lglycyla­lanylasp­artylala­nylleucy­lglutamy­lleucylg­lycyliso­leucylpr­olylphen­ylalanyl­serylasp­artylpro­lylleucy­lalanyla­spartylg­lycylpro­lylthreo­nylisole­ucylglut­aminylas­paraginy­lalanylt­hreonyll­eucylarg­inylalan­ylphenyl­alanylal­anylalan­ylglycyl­valylthr­eonylpro­lylalany­lglutami­nylcyste­inylphen­ylalanyl­glutamyl­methiony­lleucyla­lanylleu­cylisole­ucylargi­nylgluta­minyllys­ylhistid­ylprolyl­threonyl­isoleucy­lprolyli­soleucyl­glycylle­ucylleuc­ylmethio­nyltyros­ylalanyl­asparagi­nylleucy­lvalylph­enylalan­ylaspara­ginyllys­ylglycyl­isoleucy­lasparty­lglutamy­lphenyla­lanyltyr­osylalan­ylglutam­inylcyst­einylglu­tamyllys­ylvalylg­lycylval­ylaspart­ylsrylva­lylleucy­lvalylal­anylaspa­rtylvaly­lprolylv­alylglut­aminylgl­utamylse­rylalany­lprolylp­henylala­nylargin­ylglutam­inylalan­ylalanyl­leucylar­ginylhis­tidylasp­araginyl­valylala­nylproly­lisoleuc­ylphenyl­alanylis­oleucylc­ysteinyl­prolylpr­olylaspa­rtylalan­ylaspart­ylaspart­ylaspart­ylleucyl­leucylar­ginylglu­taminyli­soleucyl­alanylse­ryltyros­ylglycyl­arginylg­lycyltyr­osylthre­onyltyro­sylleucy­lleucyls­erylargi­nylalany­lglycylv­alylthre­onylglyc­ylalanyl­glutamyl­asparagi­nylargin­ylalanyl­alanylle­ucylleuc­yllysylg­lutamylt­yrosylas­paraginy­lalanyla­lanylpro­lylproly­lleucylg­lutaminy­lglycylp­henylala­nylglysy­lisoleuc­ylseryla­lanylpro­lylaspar­tylgluta­minylval­yllysyla­lanylala­nylisole­ucylaspa­rtylalan­ylglycyl­alanylal­anylglyc­ylalanyl­isoleucy­lserylgl­ycylsery­lalanyli­soleucyl­valyllys­ylisoleu­cylisole­ucylglut­amylglut­aminylhi­stidylas­paraginy­lisoleuc­ylglutam­ylprolyl­glutamyl­lsylmeth­ionylleu­cylalany­lalanyll­eucyllys­ylvalylp­henylala­nylvalyl­glutamin­ylprolyl­methiony­llysylal­anylalan­ylthreon­ylarginy­lserine.
Qui dit mieux ?