Quelques ancêtres… de la petite reine
Quels sont les ancêtres du vélo ?
La petite reine !
Cette terminologie évoque un peu les premiers congés payés en 1936 ! Une nouvelle liberté abordable aux gens simples, la sortie dominicale avec la canne à pêche attachée au cadre…
L'origine de cette appellation ne vient pas de la pratique qu'en fit la reine de Hollande Wilhemine, mais d'un journaliste, Pierre Giffard, qui, en 1890 dans un article du Petit Journal, choisit ce titre qui allait frapper les esprits : « La Reine Bicyclette ».
On peut choisir bien d'autres noms : vélo, bicyclette, bécane, clou, biclou…
Le mot vélo est un apocope de vélocipède (aller vite avec les pieds), devenu populaire après la Seconde Guerre mondiale pour cet auxiliaire précieux des ouvriers, des paysans et des enfants ; celui de bicyclette (deux roues) est peut-être destiné à un public plus sophistiqué(1) ?
Certains font remonter les origines à la Renaissance, mais les dessins de Léonard de Vinci ne contiennent que des ébauches…
Le premier ancêtre, le célérifère, inventé par un Français… n'a jamais existé ! Cette invention, à double titre, parut en 1891 : le journaliste et chroniqueur Louis Baudry de Saunier revendique pour le comte Mède de Sivrac l'invention française en 1790, il fait réaliser des « copies » pour appuyer ses dires… Esprit de revanche après la défaite de 1870 !
Car la draisienne – ou vélocifère ou vélocipède bientôt – est l'invention d'un Allemand ! Le baron Drais dépose le brevet en 1817 et on peut tourner pour se diriger. La mode est lancée, puis s'estompe vers 1821-1822, mais son invention n'est pas tombée dans les oubliettes !
En 1861, Pierre Michaux, serrurier de son état, doit réparer la roue avant de la draisienne d'un client. Son fils se plaint de ne savoir où poser les pieds pour se reposer quand la vitesse est acquise. Il invente donc la pédale et par la même occasion, on peut se propulser sans poser pied à terre ! C'est tout de suite un succès populaire et il dépose le brevet de la pédivelle en 1868.
Pour augmenter la vitesse, la première idée est d'augmenter le rayon de la roue motrice ! Mais si le démarrage n'est pas aisé – l'équilibre ensuite est, paraît-il, facile – la descente de l'engin est périlleuse(2).
Dans les années 1880, la transmission par chaîne fait ses débuts. En 1884 en Angleterre, dans une entreprise de machine à coudre, John K. Starkey invente la transmission par chaîne et le poids du cycliste est porté sur la roue arrière pour éviter les soleils !
Freiner ? Pas de freins jusqu'en 1868… Ensuite un système de ressorts qui permet à la selle de frotter sur le bandage de la roue, comme sur certaines patinettes actuelles.
Mais dès le grand-bi, on utilise des freins à patins qui frottent directement sur la bande de roulement(3). On invente ensuite de nombreux systèmes à étrier pour le freinage sur la jante, mais aussi le rétro-pédalage(4), le frein à tambour, le frein à disque.
En même temps en France, on a l'idée de tubes creux, anciens fourreaux de sabre, pour le cadre et de bandages pleins pour les roues pour une légère amélioration du confort…
Jusqu'à ce que John Boyd Dunlop invente en 1888 les pneumatiques. En 1891, les frères Michelin inventent le pneu démontable. Et la première course classique Paris-Brest se déroule en 1891 : grâce à ces courses, de nouveaux prototypes sont testés et améliorés…
On essaye la transmission par cardan(5) : de 1896 à 1898, ce système connaît son heure de gloire, mais les changements de vitesse étaient mal commodes.
Eh oui ! Depuis l'Exposition Universelle de 1869, certains vélocipèdes sont équipés d'un changement de vitesse et même commercialisés dès 1900. Il s'agit de système de bichaînes ou de chaîne flottante. C'est en 1911 que le dérailleur est expérimenté par un Stéphanois, Panel, lors du franchissement des Alpes par le Tour de France. Mais ensuite, il est interdit pour cette course jusqu'en 1937.
L'idée d'un vélo pliant fut lancé dès 1878 pour un tricycle et c'est l'armée qui reprend cette piste en 1895 : le vélo pliant fut utilisé lors des deux dernières guerres mondiales, en particulier par les parachutistes en 1944.
L'invention de la roue libre est déjà faite, dès 1869 avec un système à cliquet pour la roue avant, puis en 1895 avec un système installé dans le moyeu de la roue arrière et commercialisé en 1897.
Pendant très longtemps, les modèles ont peu évolué, surtout dans les pays pauvres où la bicyclette rend d'énormes services.
Pour des courses familiales…
Ou pour de grosses livraisons !
Certains pays, comme les Pays-Bas, ont gardé l'usage courant de la bicyclette,
Mais aujourd'hui, de nombreuses villes reviennent au vélo !
On s'est spécialisé en vélos de ville, de route, de course, de vitesse, tout chemin(6)… électrique même !
Pour la route, on a imaginé d'autres positions non traditionnelles !
- Couché sur le ventre.
- Sur le dos.
- Semi-couché.
Il existe aussi de superbes lignes épurées.
Et enfin un vélo pliant de grand style !
Et si fatigué de tant rouler, vous choisissez la lecture, que diriez-vous de Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? de Georges Perec ?
- (1) ↑ Le terme de bicyclette vient d'Angleterre et remplace celui de vélocipède, mais seulement après 1890. Il prédomine jusqu'aux années 1980 face au terme de vélo.
- (2) ↑ On propose aussi des tricycles plus accessibles…
- (3) ↑ Comme le pignon est fixe, on peut aussi résister à l'avancement des pédales, mais c'est assez casse-cou !
- (4) ↑ C'est un système encore très utile pour les très jeunes enfants.
- (5) ↑ C'est le vélo acatène, c'est-à-dire sans chaîne.
- (6) ↑ Nous ignorerons volontairement le vélo d'appartement et le pédalo !