Pour emmerder les coccinelles

Salut à toi, lecteur toujours fidèle !
Salut à toi, lecteur occasionnel !
Salut à toi, lecteur qu'on dépucelle !
Salut à toi, quatrième rime en [Ɛl]⁽¹⁾ !

[ Paris, le 15 mars 2002 ]

Elle est là. Immobile. Flavescente et humide. Ses bords alanguis tirant sur le fauve commencent leur irrésistible travail d'incrustation sur l'ovale d'albâtre auquel elle s'est accrochée, telle une tique sanguinaire sur le ventre d'un teckel. Sournoise et veule, elle n'attend que le moment opportun pour souiller de son humidité fétide et boursouflée cet inestimable morceau de vous, madame, entre le pli de l'aine et le haut de vos cuisses, alors que vous ne souhaitiez que démentir certaines légendes tenaces sur les relations entre les princesses et la miction⁽²⁾.

En un mot comme en cent, c'est clair, quelqu'un a pissé sur la lunette de mes chiottes.

Qui donc eut pu commettre ce honteux forfait ? Réfléchissons. Ce n'est pas moi. Ma secrétaire étant peu adepte de l'acrobatie en lieux d'aisances, il me paraît opportun de l'écarter de la liste des suspects. Mais alors ‽ Se pourrait-il que ?

La porte de la cave s'ouvre en grinçant et un petit être chafouin clopine vers moi, la tête ballante et basse.

C'est pas croyable, quand même… Comment se fait-il que les mâles (car Neamar en est un, je l'sais, j'ai vérifié avec le vétérinaire) arrivent toujours à pisser partout sauf dans le trou ? Sommes-nous le jouet d'un dieu cruel ? Le gouvernement nous cache-t-il des choses ? Que se trame-t-il derrière les portes closes du savoir interdit des fonctions naturelles de l'homme ?

C'est décidé ! Dussè-je y passer 10 ans de ma vie, je trouverai l'explication du pipi sur la lunette !

[ 7 juin 2012 - Dans une lamaserie, Népal ]

J'ai failli… Malgré 10 ans de recherche dans le monde entier, de temples mayas en cités enfouies, de jungles perdues en glaciers implacables, de vieux sages barbus en voyantes à 4,5€/min, je n'ai pas LA réponse. Seulement des suppositions…

Malgré mon immense savoir, je ne peux vous apporter la vérité. La seule chose que je puisse faire est de vous livrer le fruit des recherches qui ont détruit ma vie. Je vous laisserai ensuite seuls juges, tandis que j'irai une dernière fois regarder les étoiles avant de laisser mon esprit s'envoler loin de ce monde injuste.

Bref, pourquoi les garçons font pipi à côté des toilettes ? Vous avez deux heures… Je rigole.

Bon, trêve de billevesées, soyons sérieux.

• Explication première : les garçons font pipi à côté des toilettes parce qu'ils sont mono-tâche⁽³⁾ ! Une mouche qui passe et c'est la goutte de trop ! incapables de se concentrer sur la visée et la tenue de l'engin, c'est l'un ou l'autre ! Et comme le relâchement de concentration sur l'une ou l'autre de ces activités simultanées (ou sur les deux si le sentiment d'extase urinaire prend le dessus) entraîne irrémédiablement un tressautement inopportun… pouf pouf, une goutte s'envole et atterrit sur le bord.
• Explication deuxième : les garçons font pipi à côté des toilettes parce que l'information commandant la miction est directement envoyée par la partie du cerveau commune à celui des grands fauves. L'homme, mû par un instinct animal, ne peut alors s'empêcher de marquer son territoire. Ce faisant, il se fait toujours engueuler par sa compagne/mère/coloc/etc. , renforçant ainsi le parallèle avec les seigneurs de la savane : c'est bobonne la lionne qui commande.
• Explication troisième : les garçons font pipi à côté des toilettes parce que, bordel de couilles, c'est pas des gonzesses ! Les mâles, les vrais, les tatoués, bref ceux qui pissent debout sont fiers de leur sexe, lui parlent, lui donnent un nom viril respirant la testostérone. Et lors du rituel de vidage de vessie, voyant leur petit ami pleurer à chaudes larmes boostées à la créatinine, ne peuvent s'empêcher de le secouer pour lui remettre les idées en place : “Hercule ! Nom d'une pute borgne ! Arrête de chialer ! T'es pas une femmelette ! ”, décorant ainsi d'urée l'intégralité des latrines⁽⁴⁾.
• Explication quatrième : les garçons font pipi à côté des toilettes car, puisque nous parlions de décoration, ils n'ont pas leur mot à dire sur icelle. N'ayant non plus leur mot à dire sur quoi que ce soit, il leur est impossible de faire changer d'avis leur moitié/mère/etc. sur la couleur fuchsia de la cuvette des feuillées par la parole seule. Dès lors, en dernier recours, ils s'arrangent pour dégueulasser le plus possible l'édicule afin d'en changer la décoration, en particulier la photo de famille les empêchant de se concentrer sur leur ouvrage⁽⁵⁾.
• Explication cinquième : les garçons font pipi à côté des toilettes pour une raison physiologique. En effet, au bout de la verge, à l'extrémité du gland, se trouve un petit orifice appelé le méat. Celui-ci se compose de deux petites “lèvres” qui peuvent se retrouver collées à cause d'un reste d'urine, de sperme ou même de la transpiration. Pour peu que le jet d'urine ne soit pas assez puissant pour décoller le méat, celui-là peut être dévié, voire dédoublé. Son contrôle en devient ainsi plus ardu qu'un lanceur Aries V avec un moteur en rade⁽⁶⁾.

• Explication sixième : les garçons font pipi à côté des toilettes car la vidange ne serait qu'une fonction anecdotique dans le panel offert par le trilili. J'en veux pour preuve cette citation :

  Le sexe des garçons, il leur sert à tout. Ca sert à faire la guerre, président de la République, directeur, aviateur. Ca sert à penser, à tout commander ; à décréter ; à légiférer. Accessoirement, ça sert à faire des enfants et même à faire pipi.

  — Danielle Décuré

  Uriner ne serait donc qu'une fonction secondaire et, comme l'homme est de nature flemmarde, bien que tous aient une vague idée de son mode d'emploi⁽⁷⁾ seul un nombre infime serait parvenu à en maîtriser les arcanes.

• Explication septième⁽⁸⁾ : les garçons font pipi à côté des toilettes, c'est un fait. Néanmoins, ce n'est pas l'homme qui vise mal ; c'est la cible qui est trop petite, car faite pour le postérieur menu, charmant et admirable des femmes⁽⁹⁾.

J'ai fait mon choix, à vous de faire le vôtre. Petit conseil, l'explication n^o5 est quand même la plus crédible dans un dîner mondain.

Enfin, de toute façon, comme le disait Henri Ford⁽¹⁰⁾ :

Il y a deux sortes d'hommes : ceux qui pissent à côté et ceux qui nettoient après.

Bon, finalement, je pense que je vais rester encore un peu, j'ai encore un costume à aller chercher chez mon tailleur et il serait dommage de gâcher les bouteilles que j'ai à la cave. À la prochaine, lectorat chéri !

1. ⁽¹⁾ ↑
   — By Zeus's Thunderclapping Buttocks ! He's back !
   — T'emballe pas, c'est peut-être juste pour dire bonjour.
   — Non, regarde ! Il y a un article ! Et il est long !
   — Ah. Ouais. N'empêche, il ne s'est toujours pas foulé pour l'intro.
   — Tu l'connais, une fois qu'il a trouvé un truc qui lui plaît…
   — Comme le Ricard ou le curling ?
   — Par exemple.
   — En parlant de Ricard.
   — T'as raison. Jeanine ! La p'tite sœur !
   — En fait, ramène les cousines avec !
   
   
2. ⁽²⁾ ↑ Les femmes sont toutes des princesses et les princesses ne font pas pipi, c'est bien connu.
3. ⁽³⁾ ↑ On note tout de même une situation où l'homme sait être multitâches : il sait boire de la bière, manger de la pizza tout en gueulant sur l'arbitre. Certes il en fout partout, mais bon…
4. ⁽⁴⁾ ↑ Ou alors il se prend pour un canadair et fait l'hélicoptère avec sa b*te.
5. ⁽⁵⁾ ↑ Ce qui entraîne une perte de concentration et donc une visée maladroite.
6. ⁽⁶⁾ ↑ L'astuce du professeur Trifouillon : pensez à vous décoller le méat en pressant sur le gland, les garçons. Sinon, le méat coule pas ! [Insérez ici des rires enregistrés. ]
7. ⁽⁷⁾ ↑ À l'instar du sens de l'orientation et de la pratique du créneau chez les femmes… Quoi “Bouuuh ! ” ? Tout le monde en prend pour son grade ! C'est comme ça ! Allez ouste ! À la cuisine, femelles !
8. ⁽⁸⁾ ↑ Et c'est ma préférée.
9. ⁽⁹⁾ ↑ Mesdames, mesdemoiselles, pour tout rendez-vous galant, merci d'envoyer une lettre de motivation ainsi qu'une photo à l'adresse fournie dans la page des auteurs.
10. ⁽¹⁰⁾ ↑ Ou Mère Theresa, je ne sais plus.