Je vous vois, vous, lectrices, lecteurs, assis devant votre ordinateur, l'œil alerte, une main sur la souris, et votre tête dans l'autre, le coude appuyé sur le bois/plastique/contreplaqué/autre (biffez les mentions inutiles) de votre bureau(1).
Votre main est donc en contact avec la souris, votre coude en contact avec le bureau, de même que l'ordinateur…

Eh bien non(2) !

Plus généralement, je peux vous affirmer que vous n'avez jamais été en contact avec quoi que ce soit !
Du moins, au sens physique du terme.
Pour expliquer cette curieuse affirmation, revenons quelque peu en arrière, plus précisément à cet article(3).

Pour les adeptes du TL ; DR, il y est détaillé l'existence des quatre interactions fondamentales : les interactions fortes et faibles, l'interaction électromagnétique, et la gravitation.

Ces quatre interactions étant censées constituer l'ensemble intégral des interactions entre la matière dans tout l'univers, d'aucuns ont pu se demander à l'époque :

Mais alors quand je pousse sur tel ou tel objet pour le faire bouger, c'est quelle interaction ?

— Un lecteur hypothétique, à l'époque

Eh bien déjà, les interactions fortes et faibles ne se manifestent qu'à l'intérieur de l'atome, donc ça ne doit pas être ça…
Ensuite, la gravitation, de par sa très faible amplitude, ne se fait sentir que pour des corps d'une masse titanesque et pour de grandes distances, donc on oublie aussi.

Par défaut, ne reste alors que l'interaction électromagnétique.

Mais l'interaction électromagnétique, c'est entre les objets chargés \(\textcircled{+}\) ou \(\textcircled{-}\), ce qui n'est pas franchement mon cas…

— Un lecteur hypothétique et actuel

En effet, tout être humain digne de ce nom se doit d'être globalement plutôt neutre, sans quoi il risque quelques problèmes (notamment à l'approche du tiroir à couverts), et c'est aussi le cas de la majorité des objets qui nous entourent, à quelques exceptions près (comme par exemple les aimants, encore qu'eux-mêmes soient également neutres globalement).

Et c'est bien ce « globalement » qui fait toute la différence.
Dans un aimant, la répartition des charges se voit au niveau macroscopique, et c'est d'ailleurs ce qui fait qu'il est… aimanté.
Mais même les objets non-aimantés ne sont pas neutres à tous les niveaux… Autorisons-nous un zoom sur la peau du premier quidam venu. Cette peau (comme tout le reste) est constituée d'atomes, c'est-à-dire un noyau chargé positivement, avec autour un nuage d'électrons chargés négativement. Et voilà notre répartition des charges !

Les particules « périphériques » sont donc des électrons.

Maintenant, imaginons donc que ces atomes constituent une main, et que cette main va toucher un objet quelconque. Cet objet quelconque est lui aussi constitué d'atomes, et ce sont donc également des électrons qui en forment la périphérie.

C'est là qu'intervient l'interaction électromagnétique : car que se passe t-il quand une charge \(\textcircled{-}\) et une autre charge \(\textcircled{-}\) sont proches ?
Elles se repoussent, ce qui crée un écart entre les électrons de la main et ceux de l'objet.

Cette répulsion est nommée « barrière coulombienne », et est extrêmement difficilement franchissable.

La main a la sensation de toucher l'objet, pourtant au niveau particulaire, il y a un espace entre la matière même de la main et de l'objet : aucun contact(4) !

C'est ainsi que, malgré votre œil alerte, votre main flotte légèrement au-dessus de votre souris, votre tête lévite dans votre main, et votre coude n'est absolument pas en contact avec votre bureau.


  1. (1) Si cette description ne correspond pas à votre état actuel, je vous saurai gré de modifier ledit état actuel de façon à ce que la description soit correcte. Ou au moins imaginez-le, histoire qu'il y ait quand même un peu de cohérence. Merci.
  2. (2) On le sentait pas du tout venir, celui-là…
  3. (3) J'ai entendu beaucoup de bien de l'auteur…
  4. (4) C'est la taille ridiculement petite de cet espace qui fait que l'on ne s'en rend pas compte.