Comme le titre fort explicite vous l'a peut-être suggéré, cet article n'ira pas par quatre chemins pour expliquer ce dont il parle. La question que l'on va donc se poser aujourd'hui est : « Que sont les crottes de nez ? D'où viennent-elles ? À quoi servent-elles ? »(1) À bien y réfléchir, quel petit enfant ne s'est pas demandé d'où pouvait bien venir le petit résidu verdâtre qu'il tenait au bout de son doigt, après moult efforts d'extraction réprimés par l'autorité parentale, finis en cachette derrière un arbre, à l'abri des regards ?

Mais aujourd'hui, fin du mystère ! Vous saurez tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les petits êtres verts de votre organisme.

Les crottes de nez (croûtes de nez dans le jargon médical) sont en réalité du mucus nasal séché, ayant en général accumulé de la poussière. Le mucus est une sécrétion translucide et visqueuse, souvent de couleur verdâtre. Le mucus nasal, que l'on trouve donc dans le nez, a pour principale fonction de capter les poussières et les microbes et de les entrainer directement dans la gorge, puis dans l'estomac, où ils sont détruits. C'est ce qu'on appelle la morve(2).

À part d'être répugnant, ce mucus a de nombreuses utilités dans le corps : protection du système respiratoire en ce qui concerne le mucus pulmonaire, aide au transit des aliments dans l'œsophage, et protection de l'estomac de ses propres sucs gastriques, empêchant ainsi ses parois d'être elles-mêmes digérées !

Il peut également être un indicateur de santé : un mucus transparent et liquide indique un reflux gastrique, une infection, ou simplement une inflammation, un mucus jaune indique une infection, un mucus vert une infection plus sérieuse, un mucus bleu(3) indique une infection au bacille pyocyanique, responsable de maladies nosocomiales, et enfin, un mucus rouge indique simplement une hémorragie, ou tout du moins une présence de sang.

Pour finir, un peu de vocabulaire. La langue française a donné naissance à de noms très charmants en ce qui concerne les crottes de nez, comme la rhinotillexomanie, la manie de se curer le nez, ou la rhinotillexophagie, la manie de manger ses crottes de nez. Bien sûr, ces deux actions sont toutes deux réprimées par la bienséance, mais rien ne vous empêche de redéfinir les règles de la bienséance quand vous êtes seuls aux toilettes, et, de plus, la rhinotillexomanie a des vertus immunitaires : jusqu'à il y a encore 30 ans, l'Institut Pasteur prélevait les crottes de nez d'enfants malades, crottes qui contenaient donc beaucoup de microbes, pour en faire des auto-vaccins. Incroyable, n'est-ce pas ? Je vous déconseille cependant d'utiliser cet argument à table si l'on vous surprend à quelque laisser-aller nasal.


  1. (1) Formule 3 en 1 ! Profitez de nos réductions exceptionnelles !
  2. (2) Notez d'ailleurs que lorsque l'on a un rhume, et que le nez coule, c'est simplement que la production de morve est telle qu'on ne peut pas tout avaler, et donc ça déborde. Sympathique, non ?
  3. (3) Je ne vous le souhaite pas.