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Dans l'article précédent, nous abordions des limites relativement bien connues du grand public. Cependant, quand je vous parle de la pénurie d'organes, de maladies potentiellement transmissibles, ou encore la peur de l'autre, répondez-vous toujours présent ?

Sachez que la plus grande limitation de la greffe, celle que la science ne pourra jamais faire tomber, est la loi. En France nous sommes tous donneurs sauf si l'on est inscrit dans le registre des refus. Vous ne savez pas ce qu'est ce registre ? Eh bien je ne peux que constater que l'information est encore une limite à la greffe, une de plus ! Mais revenons à nos moutons. Donc, normalement, vous êtes tous donneurs. Et là, tout se complique : si vous avez déjà averti vos proches que vous donnerez vos organes une fois décédé, l'affaire est réglée ! Mais si vos intentions sont floues, alors on ne vous prélèvera rien. Et comme moins de 20 % des français parlent à table de ce qui se passera après leur mort, cela réduit considérablement le nombre d'organes sur le marché, d'où la pénurie.

De plus, comme les décès (seulement des morts encéphaliques, moins de 1 % des décès à l'hôpital) et les greffes ne se passent que très rarement au même endroit, le greffon doit voyager et il a une sorte de « date de péremption après prélèvement » assez proche dudit prélèvement. Un cœur ne peut vivre à l'air libre que 4 heures, tout comme les poumons. On peut quand même se permettre d'attendre près de 24 heures pour des reins.

Un autre problème important et difficile à résoudre est l'idée de vivre grâce à quelqu'un. En effet, pour certaines personnes, il est difficile de s'imaginer vivre et sentir qu'une partie de son corps n'est « pas à soi ». Elles peuvent aussi avoir peur que l'organe qu'elles vont recevoir leur transmette une maladie, et ce malgré toutes les précautions prises par l'hôpital pour garantir un organe sain. Ce problème est très difficile à contourner, étant d'ordre psychologique. Il nécessite un vrai travail de la part de l'hôpital et du patient.

J'ai parlé ci-dessus de la maladie dont le malade a peur. Si j'ose dire, il a raison d'avoir le cœur qui bat la chamade(1). VIH, hépatites virales sont en effet au menu du malade. Mais seulement dans le pire des cas, car rappelons que ces contaminations ne représentent pas plus de 1 % des greffes – ce qui n'est rien en comparaison de la libération que représente la greffe d'organe.


  1. (1) Sauf dans le cas d'une greffe de cœur, ironique non ?

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