L'autotomie, garante de l'autonomie…
Pourquoi et comment sectionner certains membres pour survivre
Qui n'a jamais tenté d'attraper un petit lézard au soleil, avec l'envie et la crainte de retenir seulement un petit bout de queue entre ses doigts(1) ?
Mais saviez-vous que le lézard n'a pas l'apanage de l'autotomie ? Car c'est ainsi qu'on nomme le mécanisme physiologique par lequel l'animal se sépare d'une partie de son anatomie pour pouvoir s'enfuir. La partie abandonnée reste en général animée pendant quelques minutes de soubresauts, faisant croire au prédateur qu'il a attrapé une proie vivante(2).
Du grec auto, « soi-même », et tomein, « couper », l'autotomie est un réflexe mécanique, qui semble indolore pour l'animal. Quand le membre est saisi assez fortement, des récepteurs internes à la pression activent des muscles particuliers qui « coupent » la partie détachable(3). Les vaisseaux qui irriguaient le membre se ferment d'eux-mêmes. Le membre sectionné ne saigne pas, ou très peu, et repousse au bout de quelques mois. La repousse n'est cependant pas toujours parfaite et le membre régénéré est souvent diminué (en taille et en mobilité) par rapport au membre initial.
La capacité à repousser se dégrade avec le nombre d'amputations, et chez certains insectes la repousse ne peut survenir que chez les juvéniles : arrivé à l'âge adulte, l'animal ne mue plus, et ne peut donc plus régénérer ses membres.
Bien que l'exemple du lézard soit le plus répandu, d'autres invertébrés sont capables d'autotomie, de même que certains rongeurs.
Chez les insectes et les reptiles, on citera les mygales, qui peuvent perdre leurs pattes et jusqu'à leurs crochets, les sauterelles (qui malheureusement restent amputées à vie, n'étant pas douées de la capacité de régénérescence), les phasmes, les salamandres, les orvets, entres autres.
Les crustacés (crabes, homards, crevettes) sont capables de se séparer mécaniquement de leur membre, ou de le sectionner eux-mêmes à l'aide de leurs pinces !
Certains mollusques se débarrassent de leur pied (helix, solen, doris), et les comatules, les ophiures, et les étoiles de mer peuvent perdre leurs bras s'ils sont inquiétés.
Les holothuries (également appelés concombres de mer) vomissent leur intestin lorsqu'on les saisit. A noter que certains vers plats sont également capables de régénérer l'intégralité de leur corps à partir d'une seule cellule.
Mais les mammifères aussi sont capables d'autotomie ! Non, rassurez-vous, l'autotomie n'est pas à l'origine de l'expression « Les bras m'en tombent ! ». Nous nous arrêterons à l'énumération de quelques rongeurs – souris à abajoues, octodons degus, chinchillas, gerbilles de Mongolie, lérots, muscardins – qui sont capables de perdre une partie de leur queue, ou de la peau qui recouvre celle-ci.
La souris épineuse d'Afrique, elle, peut perdre carrément sa fourrure, jusqu'à 60 % de la surface totale de sa peau ! En un mois à peine, tout aura repoussé : la double couche dermique, les follicules pileux et les poils, les glandes sébacées et le cartilage. Et la souris ne garde aucune cicatrice.
Ceci vous suprend ? Vous pensez que j'ai perdu la tête ? Eh bien, jetez donc un œil aux sources de l'article…