Il y a quatre siècles environ, Nicot rapporte le tabac d'Amérique. Celui-ci sert, à ses débuts, à soigner Catherine de Médicis et connaît une large diffusion. Même si son ampleur augmente avec la guerre d'Espagne napoléonienne, certains ne lui font pas bon accueil tel le pape Urbain VIII qui va même jusqu'à excommunier les fumeurs… sans succès.

Actuellement rentré dans les mœurs, le tabac est devenu un objet de la vie quotidienne et il ne choque plus. Voir un homme allumer une cigarette ne dérange personne, même les médias se le sont appropriés : qui n'a jamais vu une cigarette dans un film ou bien dans un roman ? Pire encore sont les marchands de journaux qui comme chacun sait sont aussi appelés « bureaux de tabac ».

Mais il y a plus surprenant encore : lorsqu'un fumeur vous demande (à vous, non fumeur) une clope et que vous vous voyez répondre « Désolé je ne fume pas ». Comme si vous aviez à vous excuser de préserver vos poumons du goudron, nicotine, arsenic, et autres cochonneries… Cette réaction contribue à maintenir les fumeurs dans leur position, et à l'herbe de Nicot de poursuivre son “œuvre”.

Car on le sait tous, cette herbe fait des ravages à travers le monde. Les fumeurs en sont conscients ; personne ne peut ignorer le célèbre « Fumer tue » sur tous les paquets de tabac. Mais ne ressentant pas de blessure directe en eux-mêmes, les gens ne perçoivent pas le réel danger. Fumer tue, OUI, mais à feu doux, c'est du long terme, telle une maladie chronique. La fumée inhalée baisse l'activité de l'alpha anti-trypsine (inhibitrice de l'élastase larguée par les polynucléaires neutrophiles pour détruire l'élastine), dégradant le poumon au fil des bouffées. Vous débutez à 15 ans pour faire comme les copains et vous sentir grand, et arrivés à 55 ans le diagnostic d'un cancer du poumon à petites cellules vous emporte en huit mois. Par ailleurs, les poumons ne sont pas les seules cibles des toxines du tabac : en plus de pourrir nos bronches, ce sont entre autres des facteurs de risques pour les maladies de la lèvre, la langue, la trachée et la vessie. Citons ce grand-père, auquel il manque la moitié de la mâchoire, ou bien cette femme dans la force de l'âge à qui une ablation de la vessie a été effectuée pour cause d'un cancer au niveau du trigone vésical.

Et si seulement il n'y avait que les fumeurs d'impliqués, mais non, ils s'intoxiquent et nous font en plus partager leur malheur : je parle bien sûr du tabagisme passif. Comment ne pas parler alors des bébés respirant la fumée du tabac de leurs parents irresponsables ou bien des bars/boîtes qui pendant longtemps avant la loi Evin enfumaient tout le monde ? Heureusement, de plus en plus les personnes prennent conscience du problème de société que le tabac est devenu.

Cependant la lutte n'est pas gagnée, de nombreux médecins(1) fument, ce qui rend le combat rude. Par leur attitude, ils démontrent le principe de Rousseau faites ce que je dis, pas ce que je fais ! . Comment alors, pour les néophytes de la médecine, comprendre que le tabac est dangereux alors que leurs aînés en consomment ? Mais en tant que citoyen averti, nous avons un devoir d'exemple et de protection pour les générations futures. Un jour viendra où perdra tout son sens la citation Ah si jeunesse savait, ah si vieillesse pouvait !


  1. (1) Personnes douées d'intelligence et de discernement !