Hey ! On va en boîte ?
Les grands débuts de la boîte de conserve !
Pour les fêtards qui auraient jeté un œil sur cet article en pensant y trouver une réminiscence larmoyante sur l'âge d'or des années disco, ils peuvent passer leur chemin(1) !
Non, nous allons parler d'une boîte beaucoup plus importante, une boîte dans laquelle on est tout aussi serré, une boîte où ça bouge toujours beaucoup… la boîte de Conserve(2) !
Petite rétrospective. Nous sommes à la fin du Siècle des Lumières(3), en France, la révolution est encore un souvenir cuisant dans les mémoires. Mélange d'exaltation et surtout d'appréhension, puisque la Terreur de Robespierre vient à peine de s'achever. C'est dans ce contexte que Nicolas Appert, ayant rangé son bonnet phrygien, invente le premier procédé de conserve.
Grossiste, il va s'intéresser aux problèmes de conservation des aliments, qui est médiocre à l'époque. Hormis par le froid et le sel, on ne sait rien conserver. C'est ainsi qu'il met au point l'appertisation, en indiquant dans un livre la manière de cuire les différents aliments pour ensuite les mettre dans une boîte hermétique, de verre au début.
Il présente son œuvre à la Marine française, qui est la première concernée par les méthodes de conservation. Le premier danger des longs voyages en mer est en effet la péremption des denrées. Il faut sans cesse se ravitailler en produits frais, sous peine de devoir se contenter de viande séchée et salée ou de biscuits secs qui très vite moisissent. Les éloges sont unanimes : c'est parfait.
Le ministre de l'intérieur informé laisse le choix à l'inventeur. Ou bien il dépose un brevet, ou bien il offre son invention au monde, et reçoit en contrepartie un prix honorifique. Nicolas Appert va choisir la deuxième solution, préférant faire bénéficier le monde de sa technique. On lui offre 12 000 francs de remerciement.
Dès lors, le procédé va se diffuser, notamment chez les Britanniques, qui copient sans vergogne la méthode, sans donner le moindre shilling à Appert, et qui en plus font breveter leur propre procédé, très similaire. La conservation britannique emploie les mêmes méthodes, mais d'autres matériaux, comme les boîtes en inox, plus proches de celles que nous connaissons aujourd'hui. Les Anglais se contentent de mentionner son nom en tant que bienfaiteur de l'humanité.
Considérant l'esprit humaniste d'Appert, ce n'était sans doute pas si grave qu'on ne le rétribue pas. Mais ça lui aurait sans doute évité de mourir isolé, dans la grande pauvreté, si bien qu'on l'a jeté dans une fosse commune à son décès.