Halte aux idées reçues ! Le détecteur de mensonges
Le détecteur de mensonges est-il fiable ?
La télévision nous noie sous un nombre monstrueux de shows concernant des enquêtes policières. Comme chacun sait, ces différentes séries (1) ne sont pas exemptes de nombreuses erreurs. Dans une série d'articles consacrée à ces erreurs, je tenterai de les relever dans le but non de les dénigrer mais de faire part à nos lecteurs de petites perles culturelles qui, je l'espère, seront amusantes et intéressantes !
Vous êtes assis dans la salle d'interrogatoire, la lumière blâfarde tombe sur le visage de l'inspecteur, costume impeccable, qui trône sur la chaise devant vous, les coudes appuyés sur la table en formica. Il analyse les données transmises par un écran d'ordinateur relié par des fils, dont la couleur vire au gris sous le manque de clarté, qui courent jusqu'aux capteurs collés à votre corps, bras, crâne, poitrine… Le type lève les yeux vers vous et soupire. Il va commencer l'interrogatoire et sa machine baroque va détecter les mensonges. Vous savez que vous êtes innocent mais vous n'êtes pas très à l'aise. Le flic ouvre la bouche.
« Combien font 26 fois 2 ? » demande-t-il.
Quoi quoi quoi ?
Que vient faire ici un calcul mental ? L'objectif serait-il seulement de briser ma mise en scène ? L'œuvre d'un certain Neamar qui a pour but de ruiner ma réputation d'omnilogiste / logue sérieux ? Nullement ! Et voici pourquoi.
Bien que leur efficacité ne soit pas avérée et surtout pas reconnue en tant que preuve parfaite dans le droit français, le détecteur de mensonge reste un outil pouvant orienter un faisceau de preuves vers la vérité ou l'erreur. L'idée est de mesurer différents paramètres du corps humain(2) afin de déterminer si un individu ment ou non. Il ne suffit pas de brancher des câbles et de lire un écran d'ordinateur qui indiquerait « Il ment » ou « Il dit la vérité ». C'est tout un système de graphiques qui se met en route et indique ces mesures.
Et pour que l'expérience soit correctement menée, il faut un échantillon témoin, soit une base de réactions enregistrées et représentées qui serviront de références pour la suite de l'interrogatoire. Pour cela, il faut d'abord poser des questions très simples comme « Quel est votre nom ? » « Quel âge avez-vous ? » « Savez-vous que vous êtes soumis au détecteur de mensonge ? » afin de connaître les différentes fréquences lorsque le sujet dit la vérité. Et il est aussi utile de poser des problèmes arithmétiques pour la simple et bonne raison que les réactions enregistrées lors de la résolution d'un calcul mental sont bien souvent les mêmes que lors d'un mensonge…
Alors la prochaine fois que vous voyez une série policière qui présente un interrogatoire au détecteur et dont l'enquêteur entre directement dans le vif du sujet puis déclare « il ment, c'est évident », vous pourrez vous écrier « chiqué ! » devant votre écran.
Et surtout, n'oubliez jamais une chose : la télévision est un divertissement et n'a pas pour vocation d'être prise au sérieux, quel que soit le programme que vous regardez, car, comme l'a dit ce célèbre anonyme,
La télévision, c'est le chewing-gum de l'œil.
Et le chewing-gum n'a jamais nourri un homme !