Un frisson d'effroi vous parcourt l'échine rien qu'à la lecture du titre de cet article. Et il y a de quoi ! Imaginons un instant que l'espèce humaine disparaisse. Sans plus laisser de traces. Comme cela. Du jour au lendemain.
Prenons tout d'abord Paris. Pour tout vous dire, notre ville lumière ne tiendra pas bien longtemps sans l'homme pour l'entretenir. Dans moins d'un an, les rues basses seront inondées. Les égouts n'étant plus nettoyés, ils se boucheront, et l'eau envahira les rues basses.

Bon. Allons encore un peu plus loin dans le temps. Et nous voici à Paris Brousse ! La végétation a tout envahi. Le périphérique est devenu la plus belle Coulée verte de France. Des forêts bientôt jailliront entre les dalles de bitume. Moins de quinze ans auront suffi à faire de la voie de circulation une véritable aire sauvage.

Encore un petit bond de 150 ans, s'il vous plaît. Là, on est loin de la ville romantique. La ville tout entière n'est plus qu'un champ de ruines. On a du mal à reconnaître quelque bâtiment que ce soit. Le tout relève de plus en plus de l'archéologie.

En 2200, c'est la Défense qui s'écroule. La tour Eiffel n'aura même pas résisté autant. Plaf ! À l'eau les ponts ! Les loups et les chevreuils sont maîtres de Paris.
Et en 2 700, plus aucune trace de la ville ne sera visible. Il faudra désormais une fouille archéologique en bonne et due forme pour retrouver quoi que ce soit !
Mais ! Et Médor ? Votre tendre Médor ? Que deviendra-t-il sans sa ration quotidienne de croquettes enrichies en calcium ? Bah, il crèvera, votre Médor.

Et voici Bill.

Seuls les plus gros chiens, et les plus dégourdis, comme les bergers allemands, pourront survivre. Pas de souci pour Miaou, votre chat. Il se fera une joie de festoyer en votre absence. C'est aussi la fête pour les arbres, pour les grands singes, les requins… Bref tous ceux que nous menacions.
Les vaches, en revanche, nous sont plus rancunières. Quant aux rats, les pauvres souffrent de la faim.
Et les champs. Nos beaux champs recouverts de tendres pousses… Des forêts ! Dévorés par les mauvaises herbes, ils ne résisteront jamais, et disparaîtront en moins de trois ans.
Mais l'homme, ce n'était pas que cela. Non, il y avait pire. Notre espèce s'est assurée de se rappeler au souvenir des autres habitants de la planète pour longtemps !

Il faudra 30 jours pour que la pollution aérienne qui flotte au-dessus de la capitale disparaisse. Plus de smog en un mois. C'est raisonnable ? Et la couche d'ozone ? Vous pensez à la couche d'ozone ? La pauvre gardera 30 ans les stigmates de notre destruction.

Pour enrayer le réchauffement climatique, il faudra 100 ans. La planète continuera en effet pendant un siècle de se réchauffer au rythme de 0,5 % par an, soit autant que pendant le xxe. L'océan en effet n'absorbe le \(CO_2\) que lentement. Mais il en faudra plus encore pour que la température ne redescende vraiment : 20 000 ans ! Elle sera stable durant toute cette période, et ne pourra décroître qu'à partir de là.

Pire encore : le plastique ! Cette invention qui a changé notre mode de vie est une catastrophe écologique. Parce que les bactéries qui pourraient se nourrir de plastique n'ont pas encore les moyens de le faire. Pour qu'elles apprennent comment s'y prendre, il leur faudra en effet pas moins de 100 000 ans ! Trouver les bonnes enzymes pour grignoter le plastique n'est pas si évident. Une fois cette découverte établie, en revanche, elles en auront pour leur appétit : c'est plus d'un milliard de tonnes de plastiques que nous laissons derrière nous…
Bien. Ça fait déjà un sacré bout de temps, tout cela. On a marqué les esprits, peut-on se dire avec fierté ! Mais voici une nouvelle raison pour nous rengorger de notre génie de la pollution : les déchets nucléaires. Aha ! Voilà qui est intéressant ! Il faut 16 millions d'années pour que nos déchets nucléaires soient neutralisés !
Mais ce serait compter sans les centaines d'explosions nucléaires qui auront eu lieu après que nous ayons déserté les centrales… Sans l'homme pour les contrôler, nul doute que la planète connaîtra des moments difficiles. Mauvaise idée que de disparaître, finalement ! La solution n'est pas vraiment là.
On a déjà fait tellement n'importe quoi qu'il vaut mieux qu'on reste pour tenter de tout régler.

Encore un bond dans le temps, et nous voici en 12 014. Un extra-terrestre rend une petite visite à notre planète bleue. Que trouve-t-il ? Une masse informe de déchets spatiaux, réduits en bouillie par des siècles de collisions. Attention à votre blindage, Messieurs les extra-terrestres !
Surprise ! La Statue de la Liberté est encore visible ! Bon, elle est tombée de son socle et ressemble plus à un chewing-gum Hollywood, mais l'un dans l'autre, c'est encore un symbole de l'Amérique.

Autre chose : les lingots d'or. Ils n'auront pas bougé de nos banques effondrées, ils attendront sagement que les bonshommes verts collectent leur impôt, déjà stocké en belles rangées bien réparties.

Resteront des petites bribes encore de notre monde, comme des galettes de silicium (pour les composants électroniques), des… WC ! Oui, la céramique est très résistante ! On l'a dit, il restera tout notre plastique, des couverts en inox…
En fait, les traces encore bien réelles de notre planète seront les signaux spatiaux. Envoyés avec les sondes Pioneer 10 et 11 ainsi que Voyager 1 et 2, des dessins d'homme et de femme nus, des disques, etc. Ces sondes ont quitté le système solaire, et sont donc récupérables par nos amis verdâtres !

Les dessins dans Pioneer 10

Enfin, nous n'avons pas fait les modestes : nous avons envoyé en masse des ondes radio dans l'espace, inondant notre espace proche, et ce depuis la découverte de la radio autour de 1866. Sachant qu'elles se propagent à la vitesse de la lumière, je vous laisse calculer quelle distance elles ont parcouru depuis tout ce temps. Et ces ondes pourront être captées pendant l'éternité.

Conclusion : soyez écologistes !