Vigipirate – à l'abordage ?
Pourquoi le plan Vigipirate se nomme-t-il ainsi ? Et à quoi sert-il vraiment ?
Quel rapport entre Vigipirate et les pirates ?
Aucun !
Vigipirate signifie VIGIlance et Protection des Installations contre les Risques d'Attentat Terroriste à l'Explosif.
Eh oui !, en France, on aime bien les acronymes. Et les acronymes qui forment un nom commun, c'est encore plus distrayant !
Voilà, ce billet est terminé. Mais si le sujet vous intéresse, voici ce qu'il faut savoir sur Vigipirate…
Les années 70 sont marquées par de grandes vagues d'attentats terroristes. Les temps changent, il faut s'y adapter ; d'où la première instruction ministérielle, en 1978.
Cette instruction n'est pas dotée d'un nom particulier ; elle traite de mesures de vigilance en cas de menace terroriste. C'est le point de départ d'un projet qui va s'étoffer.
En 1981, le plan gouvernemental Pirate (maintenant vous en connaissez la signification) vise à faciliter la marge de manœuvre du Premier ministre dans la lutte anti-terroriste.
Dix ans passent. Le plan Pirate est étoffé et renommé. Place à Vigipirate, le 2 janvier 1991. Lorsqu'il est activé, il se décline en deux stades : simple et renforcé.
À peine 3 jours plus tard, le 5 janvier, en raison de la guerre du Golfe, il est activé au stade simple. En raison de la tournure des évènements, le stade renforcé est activé le 17 janvier.
Mais au fait, concrètement, Vigipirate, c'est quoi ?
C'est un plan qui comprend des mesures et des marches à suivre pour prévenir des attentats.
Parmi ces mesures, notons, entre autres :
- contrôles d'identité ;
- contrôles d'accès à certains sites ;
- contrôles avec chiens d'explosifs ;
- surveillance des lieux fréquentés, des transports ;
- inspection des trains ;
- mobilisation des services d'intervention (police, armée, secours) ;
- interdiction de stationner à certains points ;
- activation d'une cellule de crise (qui comprend ministères, préfectures, responsables d'infrastructures…).
Où en étions-nous déjà ? Ah oui, la guerre du Golfe. Elle se termine tranquillement, mais en 1995, le plan est réactivé, en stade renforcé, après l'explosion d'une voiture devant une école juive de Villeurbanne. S'ensuivent les attentats du RER Saint-Michel et du Métro Maison Blanche.
Côté prévention des attentats, le bilan est mitigé. En revanche, toute cette présence policière fait chuter la délinquance !
Vigipirate est désactivé en octobre 1996. Survient l'attentat du RER B, à Port Royal. Le plan est alors réactivé ; il n'a plus été désactivé depuis.
En 2001, deux tours s'effondrent, entraînant avec elles les protocoles de sécurité intérieure des pays occidentaux. En France, une nouvelle mesure est annoncée par le Premier ministre : le recours massif à l'armée, en soutien de la police et la gendarmerie. C'est sans doute l'aspect le plus connu – mais aussi le plus controversé – de Vigipirate. D'abord événementielle, cette mesure est devenue depuis normalisée.
En 2003, nouveau changement. Désormais, il y aura 5 niveaux : un niveau blanc et 4 niveaux d'alerte, représentés par des couleurs. Pour éviter de tout le temps être dans l'écarlate, nombre de politiciens évoquent le niveau « rouge renforcé ». Mais ce dernier n'existe pas ! Pour que la théorie colle avec la pratique, il est instauré en 2013. Il concerne des mesures de surveillance accrue des gares et des lieux de culte.
Le 20 février 2014, le code couleur est abandonné. Vigipirate se définit maintenant en deux niveaux : « vigilance » et « alerte attentat ». Ces deux niveaux correspondent aux anciennes couleurs rouge renforcé pour vigilance, et écarlate pour alerte attentat.