Quiberon et ses débarquements
Pourquoi construire des blockhaus à Quiberon ?
Peut-être êtes-vous déjà allés à Quiberon ou ses environs, où vous aurez remarqué ses blockhaus qui surplombent l'Atlantique.
Mais pourquoi donc les Allemands ont-ils construit des défenses quasiment indestructibles à cet endroit si improbable ?
Pour comprendre il faut remonter le temps et revenir à l'histoire de la chouannerie. Après la déclaration de guerre du 24 juin 1795, l'Ouest a tout pour réussir : des hommes, du courage, etc. Enfin presque tout, il manque encore des armes et de la poudre car les faux et les gourdins ne suffiront pas.
Or l'Angleterre ne voit pas d'un très bon œil cette république qui pourrait inspirer ses sujets et réduire son influence. De plus, nombre de nobles français et bretons ont fui et soutiennent une aide militaire pour les chouans. Hervilly, chef des immigrés, et Puisaye, chef des « blancs », décident que le débarquement aura lieu à Quiberon.
Le 27 juin 1795, 3 500 nobles approchent de la presqu'île tenue par 15 000 chouans. Mais 13 000 bleus l'ont encerclée, scellant le sort de la France. Le Général Hoche empêche l'armée contre révolutionnaire de quitter Quiberon obligeant Cadoudal, un chef breton, à organiser une retraite par la mer.
Mais le plan initial est changé car un messager disant venir de l'Agence Royaliste de Paris ordonne à une partie de l'armée royaliste de rejoindre Saint-Brieuc pour accueillir une autre flotte anglaise. L'ordre venant du roi, ils crurent ce chevalier et laissèrent Quiberon tomber, mettant Cadoudal à la tête du mouvement.
Pendant ce temps, 40 000 soldats patrouillaient en Vendée pour trouver Charette. Il sera capturé le 23 mars 1796 et fusillé le 29. La Vendée ne se relèvera pas mais en Bretagne les chefs ont décidé d'un soulèvement général le 25 octobre 1799. Cette attaque se solde par plusieurs victoires mais l'arrivée de Napoléon et le manque d'armes et de munitions changent la donne, poussant Cadoudal à faire la paix le 12 février 1800. Ce dernier s'exile en Angleterre et sera tué le 25 Juin 1804.
Une petite chouannerie renaîtra pendant les Cents Jours, illustrant le chant « les Bleus » du Barzaz Breiz :
Il est bien douloureux d'être opprimé,
mais d'être opprimé n'est
pas honteux ; il n'y a pas de honte
qu'à se soumettre à des brigands
comme des lâches et des coupables.
Les Allemands suspectèrent donc les Alliés de débarquer dans ce lieu symbolique pour les Bretons. Alors quand on vous reparlera du débarquement de Normandie, pensez aux milliers d'hommes qui sont morts et qui se sont battus pour une cause qui encore aujourd'hui, a laissé une trace indélébile dans notre société.