L'opération Jubilee ou l'autre débarquement de Normandie (2) : Déroulement
Comment échoua l'opération Jubilee ?
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29 août 1942, 4h50 du matin : l'opération Jubilee commence.
Les troupes doivent débarquer sur un front de 17 km en cinq points : Berneval et Puys à l'est de Dieppe, Pourville et Quiberville à l'ouest et Dieppe même.
Pendant la traversée, le groupe de navires allant à Berneval est accroché par un petit groupe de navires allemands. Le groupe est désorganisé, et seules sept péniches atteindront la côte sur les vingt-trois de départ. Les navires allemands ont aussi prévenu les défenses côtières, annihilant ainsi tout effet de surprise.
Des 150 hommes qui atteindront la plage, 130 seront cloués sur place. Ils devront se rendre. Une péniche déposera les 21 autres plus à l'ouest. Ils escaladeront la falaise et empêcheront une batterie de sept canons de tirer pendant deux heures.
À Puys se dresse une batterie d'artillerie commandant directement l'entrée du port de Dieppe. 600 hommes tenteront l'assaut et seront taillés en pièces. Seuls 60 hommes reprendront le chemin de l'Angleterre.
À Varengeville, deux groupes sont débarqués. 90 hommes attaquant de front une batterie de six canons de 150 mm protégeant l'autre côté du port de Dieppe, et 160 hommes prenant la même batterie à revers en remontant la vallée de la Saône. Ils réussiront avec brio, ramèneront des prisonniers et rembarqueront sans dégâts trop importants. C'est la seule partie de l'opération qui se déroula comme prévu.
À Pourville, si le village est investi sans trop de difficultés avec une poussée jusqu'à Petit Appeville, à 1,5 km à l'intérieur des terres, les Canadiens se feront petit à petit repousser par les renforts allemands jusqu'aux péniches sans avoir pu détruire la station radar visée et sans avoir fait la jonction avec les chars devant arriver de Dieppe, avec lesquels ils devaient attaquer l'aérodrome. Les pertes seront assez importantes.
L'assaut principal se passe à Dieppe à partir de 5h20. Deux premières vagues prennent pied sur la plage, après un bombardement préparatoire insuffisant de la Royal Air Force et des destroyers accompagnant les péniches de débarquement. Elles sont soumises à un feu d'enfer. Les chars qui devaient servir d'appui-feu arriveront avec 15 min de retard, trop à l'ouest, et ne pourront réellement aider les fantassins pour atteindre l'abri des maisons.
Finalement, localement, des petits succès sont glanés. Le casino, place forte de la défense, est conquis, un commando pousse jusqu'à l'église Saint-Rémy proche du centre-ville. Mais là encore avec l'arrivée des renforts allemands, et le faible support que reçoivent les commandos, les assaillants sont repoussés vers la plage.
Le commandement allié, mal renseigné à cause de problèmes de transmission et de l'épais écran de fumée, enverra deux autres vagues de soldats dans la confusion de la bataille de la plage, où ils ne glaneront aussi que des petits succès locaux aux prix de très grosses pertes.
À 11 h, l'ordre de repli est donné à marée basse. Les hommes doivent rejoindre les barges complètement à découvert. Sur 2 000 hommes débarqués, 400 rejoindront l'Angleterre.
Malgré quelques coups d'éclats, l'opération est un échec cuisant. Le bilan humain est désastreux. Sur 6 100 soldats alliés engagés, 4 400 sont hors de combat, disparus, blessés, tués ou prisonniers. Cependant de précieuses informations auront été collectées pour les débarquements futurs. L'importance du bombardement préparatoire aérien, l'importance d'un soutien blindé efficace, le choix essentiel des zones de débarquement, l'importance d'avoir un système de responsabilités beaucoup plus direct, le choix de certains matériels, etc.
Sans Dieppe, nous n'aurions pas eu la plupart du matériel spécial et les connaissances nécessaires au bon déroulement de l'invasion.
Certes, mais Dieppe aura été payée au prix du sang.