Bien que le titre de cet omnilogisme ait pu vous y faire penser, nous n'allons pas nous livrer ici à une expérience de spiritisme.

L'esprit de l'escalier illustre une situation que nous avons forcément vécue un jour ou l'autre – à moins d'avoir un sens de la repartie hors du commun. Il nous est tous arrivé un jour d'entendre une remarque nous laissant sans voix, incapable de trouver quelque chose à répondre tant la surprise (bonne ou mauvaise) était grande. C'est souvent le cas lors d'un éloge ou d'un blâme très vif et inattendu. Malheureusement, ce n'est que plus tard que nous trouvons ce que nous aurions dû répondre, la phrase-choc, l'argument parfait, la réplique adéquate, celle qui aurait cloué le bec de notre interlocuteur et clos le débat sur notre victoire incontestée.

Cette expression puise son origine dans Le Paradoxe du Comédien écrit par Diderot au XVIIIe siècle dans lequel on peut lire : Cette apostrophe me déconcerte et me réduit au silence, parce que l'homme sensible, comme moi, tout entier à ce qu'on lui objecte, perd la tête et ne se retrouve qu'au bas de l'escalier – comprendre : une fois descendu de la tribune en haut de laquelle il tenait son discours.

La seule explication logique à ce phénomène est qu'on est trop abasourdi, trop fixé sur ce que l'on vient d'entendre, pour pouvoir chercher une réponse à faire et que c'est seulement une fois le choc passé que, la tête reposée, on trouve la réplique qui aurait fait mouche.

Remarquons d'ailleurs qu'un escalier n'est pas nécessaire et qu'on pourrait aussi bien dire « l'esprit du couloir », « l'esprit du portail », ou encore « l'esprit du bout de la rue », mais que d'un point de vue sonorité, on perd l'assonance !