Changer de crèmerie téléphonique sans perdre son fromage
Comment conserver son numéro en changeant d'opérateur ?
Vous souhaitez changer de réseau cellulaire mais garder votre numéro actuel (c'est votre droit). Pour ceci, deux actions : un, obtenir la portabilité de votre ligne ; deux, déverrouiller votre téléphone. Si vous ne devez rien à l'opérateur que vous allez quitter, aucun problème.
Acte I. « Sésame, ouvre-toi »
Votre nouveau contrat démarrera le tant. Vous l'avez en mains et recevez une puce à insérer au jour J dans votre téléphone. Alors vous utiliserez votre nouveau compte sans avoir dû apprendre dix nouveaux chiffres. Le secret d'un tel miracle ?
Le Code RIO(1) permet ce transfert ; il vous lie à votre ligne et à votre contrat téléphoniques tout comme nos numéros de CNI ou de Carte Vitale ciblent notre citoyenneté ou nos sinusites. Lorsque vous lui avez dit : « Je souhaite conserver mon numéro », votre nouvel opérateur a entamé une demande de portabilité auprès de son concurrent. Grâce au Code RIO, douze caractères alphanumériques, votre ancien compte est résilié, et votre ligne basculée(2). – Comme tous les êtres de progrès vous avez toujours cru à l'Électricité, et elle vous le rend bien.
Acte II. « Sésame, décoince-moi ! »
Jour J ! Vous pucez votre téléphone cellulaire et téléphonez, guilleret. – Rien. Vous retournez chez votre prestataire. Ayez l'air inquiet. Sur son écran l'employée vous autopsie. Constate :
— « Votre carte n'est pas désimlockée. »
Ne dites pas :
— « Que vous ont fait les loquets ? Pourquoi voulez-vous décimer les loquets ? »
Francophone, elle eût dit : « débloquée » ou « déverrouillée » ; mais comprenez son charabia ou vous aurez l'air d'un plouc. Dites :
— « Ha. Et pour la faire déverrouiller ? »
— « Rendez-vous chez votre ancien opérateur. »
Votre téléphone cellulaire possède une carte à puce : l' UICC (Universal Integrated Circuit Card) dont les circuits intégrés, SIM (Subscriber identity module) sécurisent vos données, contiennent et protègent votre identifiant international d'abonné (IMSI). En transmettant ce dernier au terminal de votre fournisseur, ou sur la Toile, la « Carte SIM »(3) fait fonctionner votre téléphone. Mais pourquoi restez-vous bloqué si vous êtes quitte envers le réseau cellulaire que vous avez plaqué ? Parce qu'il a, pour vous empêcher de vous servir de toute puce autre que les siennes, verrouillé votre carte quand vous avez souscrit chez lui. Horrifiques mariages, il y en a toujours un pour être jaloux comme une puce et vous mettre une ceinture de chasteté.
— « Prisonnier, délivre-toi ! »
— « Comment ? »
— « Indique ton Code IMEI. »
Acte III. « Le Génie dans la coque. »
Vos empreintes digitales sont uniques. Votre téléphone cellulaire l'est lui aussi par un numéro de série. Le code IMEI (International Mobile Equipment Identity) recense parmi des milliards, marque par marque, chaque mobile. Si vous vous faites voler votre téléphone ce code vous sert à faire opposition. Si votre téléphone n'est pas encore volé, tapez *#06# sur votre clavier. Une quinzaine de caractères apparaissent, vous les voyez ? Notez-les bien pour quand vous vous ferez voler. C'est le code IMEI.
Grâce à lui vous déverrouillerez votre bijou, bénirez de votre voix charmeresse les ondes et si vous passez une frontière recevrez un texto : « Alors, on visite l'Espagne ? »
Votre ancien opérateur vous donne un contact à joindre pour vous débloquer. (4) Appelez d'un fixe, communiquez votre code. Il figure sur votre contrat initial. Si vous avez entre temps changé d'appareil, ôtez la batterie de votre portable : le code IMEI apparaît sur la coque, souvent en caractères minuscules. Dictez-les sans erreur. L'opératrice vous dicte à son tour un code épouvantable : votre sésame.
Tapez-le. Vous êtes sauvé. Le nouveau Réseau va descendre sur vous comme les douze langues de feu sur les Douze Apôtres.
Remarquez, une boutique proposant Accès Internet, Fax, et Déblocage de portable aurait déverrouillé votre bidule en cinq minutes pour dix euros.