Les systèmes d'écritures II-2 : Hiéroglyphes égyptiens
D'où viennent les hiéroglyphes égyptiens ?
Avant de lire cet article, assurez-vous d'avoir lu l'épisode précédent !
Maintenant que les principes de l'écriture sémantique nous sont familiers, voyons un premier exemple d'application qui a disparu aujourd'hui : les hiéroglyphes égyptiens.
« Hiéroglyphe » provient du grec « écriture sacré ». Ils étaient utilisés seulement pour les domaines où la valeur esthétique et spirituelle des mots avait de l'importance, c'est-à-dire pour le contexte religieux ou « très » officiel. Ils ont été utilisés depuis le quatrième millénaire avant notre ère jusqu'au IVe siècle de notre ère.
Les hiéroglyphes sont figuratifs et reconnaissables, mais, selon le contexte, ils peuvent être phonogramme, pictogramme/idéogramme, ou sémagramme. L'écriture était alors un mélange de ces trois types de caractères :
- Comme pictogramme ou idéogramme, les hiéroglyphes sont écrits avec un trait vertical muet supplémentaire et signifient directement ce qu'ils représentent.
- Comme phonogrammes, ils représentent alors des groupes de 1 à 3 consonnes (unilitères, bilitères ou trilitères). L'écriture s'apparente alors à celle d'un abjad : elle ne note pas les voyelles. Sauf qu'ils utilisent en plus des redondances pour faciliter la lecture(1).
- Comme sémagrammes, ou déterminatifs, les caractères sont muets et servent uniquement à indiquer le champ lexical du mot(2).
Ce qu'il est intéressant de noter c'est que les Égyptiens disposait d'un abjad en réunissant les 24 unilitères qu'ils utilisaient déjà. Ils auraient pu écrire l'intégralité de leur langue en s'en servant comme alphabet, mais n'ont jamais franchi le pas de cette « simplification alphabétique » de leur écriture, en tous cas avec les hiéroglyphes. La raison est probablement celle qui motivait l'utilisation de ces hiéroglyphes :
Si l'écriture égyptienne ne renonça jamais à la représentation symbolique des choses et des êtres, c'est parce que les Égyptiens croyaient à l'efficacité magique des hiéroglyphes.
En revanche, ils ont petit à petit franchi ce pas dans les écritures qui sont apparues pour écrire l'égyptien dans des contextes beaucoup moins solennels.
Ils ont en effet développé par la suite l'hiératique, simplification des hiéroglyphes, formé d'un mélange d'abjad et de logogrammes. Puis le démotique(3), simplification du hiératique, formé d'un abjad. Et enfin le copte, issu du démotique, formé d'un alphabet, pour des usages de plus en plus quotidiens. Le copte est encore utilisé aujourd'hui dans un contexte liturgique.
- (1) ↑ Cela signifie qu'ils répètent les mêmes lettres plusieurs fois pour aider la compréhension-hension (exemple de base).
- (2) ↑ Si on les utilisait en français, cela pourrait donner : vers [poésie], vers [direction] ou vers [animal].
- (3) ↑ Le démotique était avec les hiéroglyphes et le grec une des trois langues écrites sur la pierre de Rosette, pierre qui a permis a Champollion de traduire les hiéroglyphes.