Tout fidèle lecteur omnilogiste apprécie déjà au fil de ses pérégrinations sur les routes françaises les nombreux panneaux qui jalonnent les routes. Il en connaît même l'origine.

L'ère du GPS étant arrivée, les bornes qui balisaient nos routes sont de moins en moins nombreuses. Les moins jeunes des lecteurs omnilogistes se rappelleront pourtant la présence de ces bornes blanche et rouge qui nous accompagnaient au long de nos périples, sur les nationales qui avaient encore une numérotation simple, correspondant d'ailleurs à une logique qu'il nous faudra évoquer ici.

On a vu que pour annoncer le nom d'un village avec l'avènement de l'automobile, Michelin avait eu l'idée de créer des panneaux indicateurs.

L'origine des bornes est toutefois beaucoup plus ancienne, puisque les romains les utilisaient déjà pour mesurer les distances parcourues et annoncer celles restant à parcourir, avec leurs bornes milliaires. L'unité des mesures n'étant toutefois pas encore établie avant l'avènement du mètre, les unités étaient donc parfois variables dans le pays.

Ainsi, sous Louis XV, les routes royales sont déjà dotées de bornes de pierre de plus d'un mètre de hauteur, gravées d'une fleur de lys, implantées toutes les mille toises, soit une demi-lieue de Paris ou environ 1949 m. Le point 0 est le parvis de la Cathédrale de Paris.
À la Révolution – qui en doutait ? – elles seront remplacées par des symboles révolutionnaires.

La question du numérotage de ces routes, et donc bornes, s'est aussi rapidement posée. Jusque-là, les routes prennent le nom de celle de leur destination : route de Lyon, route de Grenoble, … comme d'ailleurs le nom des portes dans les grandes villes (ce qui est encore le cas à Paris avec le périphérique).

Une fois les longueurs uniformisés, et notamment sous l'Empire qui finalise l'organisation des départements, la gestion des routes suit le même penchant, avec l'administration des Ponts et Chaussées. C'est ainsi en 1811 qu'un décret crée les « routes impériales », calquées sur les anciennes routes royales. Pour la numérotation, on part de Paris puis on tourne dans le sens des aiguilles d'une montre. La route no1 partait de St Denis à destination de Calais, la no2 de Paris à Maubeuge.
Puis un nouveau décret impérial de janvier 1813 crée plusieurs catégories de routes avec leur numérotation.
La circulaire subséquente du 11 février 1813 prévoit la pose de bornes au passage de toutes les limites des départements, avec inscription des numéros de routes. Les tailles et couleurs des bornes varient alors toutefois selon les départements.

Bornes départementales

Sont ainsi créées les routes Impériales, à la charge de l'État, qui deviendront par la suite nos Nationales, puis les routes Départementales, qui le resteront, et enfin les routes vicinales, qui deviendront communales.

Le 21 juin 1853, une circulaire du Ministère des Travaux Publics affine le bornage en normalisant taille, couleur et indications.

Bornes normées

Il faudra attendre l'avènement des premières cartes Michelin dans les années 1910 pour voir apparaître les numéros des routes sur toutes les cartes. Si André Michelin eut cette bonne idée, il convient de rendre hommage à un ingénieur, M. Cavardon, qui avait rédigé dans « La Vie Automobile » un article en ce sens dans la même période.

Numéro de routes

La borne était alors installée tous les kilomètres, et des bornes hectométriques étaient aussi prévues.

D'autres bornes seront ensuite installées aux limites des départements.
Bornes de département

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Tout cela, c'était avant la récente disparition de la quasi totalité des Nationales reversées aux départements…

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