Plus c'est gros, plus ça passe
Plus c'est gros…
Plus c'est gros, plus ça passe. Pourquoi ?
Afin de répondre à cette question, j'ai fait appel à une amie proche, Lou-Isabelle Etremat, analyste sociologique du langage et théoricienne du mensonge. Elle a rédigé le livre Dis-mois comment tu mens, publié aux éditions Plon en 2009 et disponible au prix de 25 euros chez tous les libraires.
Nodxmak : Bonjour Lou-Isabelle, merci de m'aider à répondre à cette question et d'éclairer les lecteurs du site Omnilogie, élu meilleur site culturel l'année dernière.
Lou-Isabelle Etremat : Bonjour.
N. : Peux-tu replacer cette citation dans son contexte ?
L-I E : Bien sûr. La citation exacte est d'ailleurs
N. : Non, je l'ignorais. Alors, pourquoi, selon Goebbels, plus un mensonge est gros, sous-entendu évident, plus on aura tendance à le croire ?
L-I E : Il y a plusieurs théories. Des centaines de chercheurs et de théoriciens se sont penchés sur la question. Je ne vais pas faire une liste exhaustive mais je vais tout de même citer Felik Finch, un auteur allemand qui fut rendu célèbre en 1967 par ses travaux sur la propagande, et qui a rendu un mémoire sur le sujet des plus intéressants. Dans cet ouvrage de plus de 600 pages il juge que l'idée de Goebbels était la suivante : si l'on croit un mensonge, on est prêt à en croire un plus gros. Et un plus gros, etc.
N. : Il faut alors préciser que la citation tient compte d'autres mensonges, enoncés avant ? Avec une gradation dans le mensonge, c'est ça ?
L-I E : Non, pas du tout. Si quelqu'un est prêt à croire à un mensonge plus gros, alors autant lui servir tout de suite. Et si un mensonge est énorme alors on ne voudra pas le remettre en question, car cela prendrait trop de temps. De la même manière, les crédules ne vont pas remettre en question quelque chose de tellement gros qu'il est impossible que quelqu'un ait pu l'inventer.
N. : Alors il ne faut mentir qu'aux crédules.
L-I E : Le mensonge nécessite beaucoup de pratique et il dépend d'énormément de facteurs. Par exemple il faut qu'un mensonge soit précis et détaillé, et non pas vague et flou.
N. : Bien sûr mais nous parlons ici de la citation de Goebbels, pas des facteurs pour qu'un mensonge soit crédible.
L-I E : Cette citation n'est même pas de Goebbels, elle lui a été seulement attribuée.
N. : Ah bon ?
L-I E : Évidemment. Goebbels était ministre de la propagande, il n'aurait jamais admis qu'il mentait. C'est son épouse qui a prononcé ces mots, sur son lit de mort.
N. : Je croyais que Goebbels l'avait tuée avant de se suicider.
L-I E : Autre mensonge.
N. : Tout ça est très intéressant mais j'aimerais en revenir au sujet absurde qui m'a été attribué : plus c'est gros, plus ça passe. Pourquoi ?
L-I E : C'est l'énoncé exact du sujet ?
N. : Euh… Oui.
L-I E : Qu'est ce qui te fait croire qu'il s'agit de la citation de la femme de Goebbels, alors ?
N. : Je ne sais pas… Quand j'ai tapé ça dans la barre de recherche de Google je suis tombé sur un site qui parlait de Goebbels…
L-I E : Bien sûr Google… Ils référencent les sites de manière à ce que les premiers résultats sont ceux qu'ils désirent que tu vois. C'est une forme de propagande. Une agence japonaise de cryptologie l'a démontré dans des travaux de l'université de Tokyo sur les moteurs de recherche les plus courants.
N. : Peut-être, mais je ne vois pas ce que pouvait avoir en tête la personne qui a proposé le sujet, si ce n'est la citation de Goebbels, ou de sa femme.
L-I E : Il y a bien quelque chose… Mais en général plus c'est gros et plus ça a du mal à passer.
N. : Non, ce n'est pas vraiment la ligne éditoriale du site.
L-I E : Dommage. Écoute, je vais rapidement répondre à ta question, j'ai un rendez-vous très important juste après. Comme je le disais un mensonge, pour être rendu crédible, est soumis à différents facteurs, précision, énormité et d'autres choses. Un soupçon de vérité ne fait d'ailleurs pas de mal. Concernant l'énormité, pourquoi un gros mensonge passerait mieux qu'un petit ?
Lou-Isabelle Etremat : Bonjour.
N. : Peux-tu replacer cette citation dans son contexte ?
L-I E : Bien sûr. La citation exacte est d'ailleurs
Plus le mensonge est gros, mieux il passe. Elle fut attribuée à Goebbels, que tout le monde connaît comme étant ministre de l'Information et de la Propagande sous le IIIe Reich. Savais-tu que Goebbels écrivait des poèmes et des livres pour enfants ?
N. : Non, je l'ignorais. Alors, pourquoi, selon Goebbels, plus un mensonge est gros, sous-entendu évident, plus on aura tendance à le croire ?
L-I E : Il y a plusieurs théories. Des centaines de chercheurs et de théoriciens se sont penchés sur la question. Je ne vais pas faire une liste exhaustive mais je vais tout de même citer Felik Finch, un auteur allemand qui fut rendu célèbre en 1967 par ses travaux sur la propagande, et qui a rendu un mémoire sur le sujet des plus intéressants. Dans cet ouvrage de plus de 600 pages il juge que l'idée de Goebbels était la suivante : si l'on croit un mensonge, on est prêt à en croire un plus gros. Et un plus gros, etc.
N. : Il faut alors préciser que la citation tient compte d'autres mensonges, enoncés avant ? Avec une gradation dans le mensonge, c'est ça ?
L-I E : Non, pas du tout. Si quelqu'un est prêt à croire à un mensonge plus gros, alors autant lui servir tout de suite. Et si un mensonge est énorme alors on ne voudra pas le remettre en question, car cela prendrait trop de temps. De la même manière, les crédules ne vont pas remettre en question quelque chose de tellement gros qu'il est impossible que quelqu'un ait pu l'inventer.
N. : Alors il ne faut mentir qu'aux crédules.
L-I E : Le mensonge nécessite beaucoup de pratique et il dépend d'énormément de facteurs. Par exemple il faut qu'un mensonge soit précis et détaillé, et non pas vague et flou.
N. : Bien sûr mais nous parlons ici de la citation de Goebbels, pas des facteurs pour qu'un mensonge soit crédible.
L-I E : Cette citation n'est même pas de Goebbels, elle lui a été seulement attribuée.
N. : Ah bon ?
L-I E : Évidemment. Goebbels était ministre de la propagande, il n'aurait jamais admis qu'il mentait. C'est son épouse qui a prononcé ces mots, sur son lit de mort.
N. : Je croyais que Goebbels l'avait tuée avant de se suicider.
L-I E : Autre mensonge.
N. : Tout ça est très intéressant mais j'aimerais en revenir au sujet absurde qui m'a été attribué : plus c'est gros, plus ça passe. Pourquoi ?
L-I E : C'est l'énoncé exact du sujet ?
N. : Euh… Oui.
L-I E : Qu'est ce qui te fait croire qu'il s'agit de la citation de la femme de Goebbels, alors ?
N. : Je ne sais pas… Quand j'ai tapé ça dans la barre de recherche de Google je suis tombé sur un site qui parlait de Goebbels…
L-I E : Bien sûr Google… Ils référencent les sites de manière à ce que les premiers résultats sont ceux qu'ils désirent que tu vois. C'est une forme de propagande. Une agence japonaise de cryptologie l'a démontré dans des travaux de l'université de Tokyo sur les moteurs de recherche les plus courants.
N. : Peut-être, mais je ne vois pas ce que pouvait avoir en tête la personne qui a proposé le sujet, si ce n'est la citation de Goebbels, ou de sa femme.
L-I E : Il y a bien quelque chose… Mais en général plus c'est gros et plus ça a du mal à passer.
N. : Non, ce n'est pas vraiment la ligne éditoriale du site.
L-I E : Dommage. Écoute, je vais rapidement répondre à ta question, j'ai un rendez-vous très important juste après. Comme je le disais un mensonge, pour être rendu crédible, est soumis à différents facteurs, précision, énormité et d'autres choses. Un soupçon de vérité ne fait d'ailleurs pas de mal. Concernant l'énormité, pourquoi un gros mensonge passerait mieux qu'un petit ?
- Il passera mieux parce qu'il sera difficile à remettre en question.
- Il touchera plus de monde, plus de monde qu'il sera plus difficile d'individualiser et donc d'isoler en tant que milliers de petits mensonges.
- Un gros mensonge est systématiquement une généralité, et il est plus facile d'avaler une généralité qu'une précision.
- Bien qu'on ne désire pas croire une personne, qu'on estime qu'il s'agisse d'un menteur ou d'une menteuse, on aura du mal à croire que quelqu'un ait pondu un mensonge qui, s'il s'agissait d'un mensonge, en serait évidemment un. C'est une sorte de contre-psychologie : tu mens mais tu ne peux pas mentir au point de mentir sur quelque chose d'aussi gros.
- Et enfin, personne ne veut être pris pour un idiot et croire un mensonge si énorme à quelqu'un que seul un idiot pourrait croire, ce serait estimer que celui qui ment considère tous ses auditeurs comme des idiots, auditeurs dont on fait partie. Donc puisqu'on refuse de croire que le menteur prend des dizaines de personnes pour des idiots, dizaines de personnes dont on fait partie, car mentir à ces dizaines de personnes sur des choses que seules les idiots pourraient croire revient à nous rassurer en nous disant qu'on n'est pas un idiot puisque justement on estime ne pas être une idiot, sous prétexte qu'on refuse de croire qu'un individu nous serve un mensonge qui en est tellement un que seul un idiot pourrait y croire.
N. : Je n'ai rien compris à cette histoire d'idiots.
L-I E : Relis l'interview, moi je dois y aller.
N. : D'accord. Merci quand même ! Elle est partie. Chers lecteurs, j'espère que vous avez compris quelque chose parce que cette entrevue ne m'a absolument pas éclairé sur pourquoi plus un mensonge est gros et mieux il passe. Bonne semaine de l'absurde à vous !
L-I E : Relis l'interview, moi je dois y aller.
N. : D'accord. Merci quand même ! Elle est partie. Chers lecteurs, j'espère que vous avez compris quelque chose parce que cette entrevue ne m'a absolument pas éclairé sur pourquoi plus un mensonge est gros et mieux il passe. Bonne semaine de l'absurde à vous !