Les cinq ex-républiques soviétiques de l'Asie centrale font face, depuis une quarantaine d'années, à l'une des plus graves catastrophes écologiques qu'ait connu l'humanité : la disparition progressive de la mer d'Aral. Autrefois quatrième plus grande mer intérieure du monde, la mer d'Aral est aujourd'hui le symbole de l'inconscience humaine et une catastrophe écologique sans précédent.

Au début des années 1960, les soviétiques voulant intensifier la culture du coton en Ouzbékistan et au Kazakhstan détournent les fleuves Amou-Daria et Syr-Daria pour irriguer les cultures. Ainsi en 1960 entre 20 et 60 km\(^3\) d'eau douce sont détournés. Par manque d'eau douce, le niveau de la mer va baisser de 20 à 60 cm par an, perdre 50 % de sa surface, 14 mètres de profondeur et 60 % de son volume, laissant ses bateaux naviguer sur une mer de sable.

Le lobe oriental de la mer d'Aral semble avoir perdu environ 80 % de son eau depuis les images prises en 2006, lorsque le lobe oriental mesurait 150 km de long pour 70 km de large, précise l'ESA, ajoutant que la Grande Mer d'Aral devrait être complètement asséchée d'ici 2020.

Photo satellite : différence de surface entre 89 et 08

Cette diminution brutale a évidemment entraîné une augmentation de la salinité de l'eau et tué quasiment toute forme de vie en mer d'Aral. En effet, la faune et la flore (terrestre ou maritime) subissent les assauts du sel et des vents souvent chargés de pesticides(1) venant des champs de coton.
Quasiment tous les poissons sont morts asphyxiés et aujourd'hui, seules deux espèces arrivent encore à survire dans cette mer à l'agonie.
De plus, ces quantités gigantesques de pesticides et d'insecticides rejetées dans l'air provoquent le taux de mortalité infantile le plus élevé du monde – les taux de cancers et d'anémies particulièrement hauts et directement reliés à l'exposition par des produits chimiques ont été confirmés par l'OMS.

Un plan de sauvetage, en partie financé par la Banque mondiale, a été lancé en 2001 par les autorités kazakhes pour retenir les eaux de la « petite mer d'Aral » (celle au Nord). Après une première digue (achevée en 2005) entre la mer d'Aral nord et celle du sud, le projet doit se poursuivre en 2009 avec la construction d'une deuxième digue et d'un canal. Ce plan ne concerne cependant que la « petite » Aral, au nord, soit 10 % environ de la surface totale de cette mer, mais aurait permis, selon l'ESA, de remonter de quatre mètres en moyenne le niveau des eaux.
Cependant, pour certains responsables kazakhs, il ne faut pas se réjouir trop tôt car il faudra des décennies pour réparer ce problème engendré par l'homme.


  1. (1) Des quantités gigantesques de pesticides et d'insecticides, qui jadis avaient été charriées par les deux fleuves de la mer et s'étaient déposées au fond du bassin de l'Aral se sont retrouvées, au fur et à mesure que l'évaporation progressait, à l'air libre.