Qui n'a pas une histoire à raconter sur les Belges, les juifs, les arabes, et sur les Corses ?

Les Corses, « habitants de cette île entourée d'eau de tous côtés »(1), sont Français depuis 1769.
Soit précisément l'année ou naquit un certain Napoléon Buonaparte devenu plus tard Empereur de son pays.

Cette île que d'aucuns trouvent fort belle (et ils ont manifestement raison) est littéralement envahie l'été surtout par des milliers de touristes venus du monde entier mais quand même principalement de Français. Pour eux le Corse est un être qui ne travaille pas beaucoup, adepte du fare niente (Rien faire) et qui n'a qu'un prénom, Dume (Dominique).

Lorsque le Touriste met un pied en terre Corse, il se croît aussitôt obligé de dire « O Dume, doucement, calmement » à tous bouts de champs ou de chants. Ledit Corse (pas toujours calmement ou doucement) observe son visiteur et lui indique que bien qu'il ait de l'humour cela devient de plus en plus « gonflant » de s'entendre dire la même chose depuis de années.

Mais ce que le touriste ignore bien souvent c'est que « le Corse » qu'il a en face de lui a son bac ou une Licence voire un Doctorat, qu'il suit les informations à la TV, qu'il va au cinéma, qu'il prend lui aussi le bateau et l'avion pour se rendre sur le continent ou en Angleterre, en Italie, en Espagne etc.

Ce que le touriste ignore aussi, c'est que c'est lui qui va faire l'objet des moqueries des Corses. Pourquoi ? D'abord à cause de sa tenue vestimentaire sans nul autre pareil : bermuda, tongs aux pieds et « bananes » autour de la taille pour y glisser papiers d'identité, argent et appareils photos.
Ensuite surtout lorsqu'il arrive à la plage alors qu'il a souvent passé les onze précédents mois coincés dans les transports en commun il vient se coller contre la serviette du Corse alors qu'il dispose de plusieurs dizaines de mètres carrés de sable. Le touriste par ailleurs ne se déplace jamais seul, il est souvent en couple ou alors accompagné par au moins une demi douzaine d'enfants, de parents ou de ses collègues. Ce déploiement de population ne passe jamais inaperçu en raison de leur accoutrement ou des questions stupides qu'ils posent.
Le leitmotiv ? « T'es Corse toi ? », « Il fait chaud non ? »…

Le Corse dont on loue le sens de l'hospitalité après deux mois d'invasion touristique est heureux de retrouver son train-train passé le temps des vendanges. Et cet hiver pour meubler les longues soirées aura tout loisir de se remémorer les délicieux moments passés avec les touristes qui croyaient avoir de l'humour.

« Faut rigoler, faut rigoler » dit la chanson. À chacun son humour régional mais à dose homéopathique quand même et avec le souci premier de respecter ses hôtes. Le nationalisme est sans doute né de cela.

À méditer avec modération !


  1. (1) Description faite par un député de la Corse à l'assemblée nationale au siècle dernier pour mieux faire comprendre à ses pairs combien l'insularité pouvait être handicapante