Avant de lire cet article, assurez-vous d'avoir lu l'épisode précédent !

Dans l'article précédent. , il était question de voir des objets lointains, comme des étoiles trop petites et trop loin de nous pour être observées avec un télescope ordinaire.

Puis une digression sauvage nous avait attaqués, empêchant la bonne continuation de l'article. Nous disions donc : comment utiliser les interférences, cet étrange phénomène, pour voir plus loin ?

Assez simplement, on va prendre deux (ou plus) télescopes, puis faire interférer les images de ces deux télescopes. Prenons comme exemple l'observation d'une étoile lointaine. Sa lumière arrive donc, faiblement, sur Terre, où on la capte dans nos deux télescopes.
Puis ensuite, on va faire comme si ces deux télescopes étaient deux fentes, et des ordinateurs reliés aux deux télescopes vont simuler la figure d'interférence qui serait engendrée par cette lumière passant par ces deux fentes (comme pour l'expérience de Young).

Les arbres, c'est juste pour la déco'

Alors certes, on obtient plus une image, mais une figure d'interférence… C'est tout de même moins joli, il faut bien le dire.

Mais souvenez-vous : à partir de la figure d'interférences, on peut remonter aux caractéristiques de la source ; et là, la source, c'est l'étoile ! En analysant cette figure d'interférence, on peut donc remonter à la taille, la couleur, la forme de l'étoile…

Bon, d'accord elle nous donne des informations, mais on a quand même remplacé une belle image par un truc rayé moche… Il est où l'intérêt dans tout ça ?

— Un lecteur désappointé

Eh bien, on a désormais non plus un seul télescope mais deux télescopes, qui travaillent de concert comme un seul télescope virtuel, qui ne « verrait » que par deux points. Mais nos deux télescopes, ils n'ont pas à être côte à côte ! Et plus on les écarte, plus le diamètre de notre télescope virtuel grandit !

Et, souvenez-vous : qui dit grand diamètre dit grand pouvoir de résolution. C'est ainsi qu'avec de telles méthodes, on peut réussir à « voir » beaucoup plus loin, des objets très éloignés de nous !

Pour donner une idée, le VLT peut, en combinant trois télescopes de 8 mètres de diamètre chacun, obtenir un télescope virtuel d'un diamètre de… 200 mètres(1) !

En poussant la chose encore plus loin, on en arrive à des projets tels que le Event Horizon Telescope, qui prévoit d'utiliser des radiotélescopes(2) d'observatoires un peu partout dans le monde pour créer un télescope virtuel un diamètre… d'à peu près la taille de la Terre.


  1. (1) Pour rappel, les plus grands télescopes atteignent « seulement » 8,4 mètres.
  2. (2) Des télescopes qui captent non pas de la lumière, mais les ondes radio émises par les corps stellaires. Pour le reste, ça marche pareil.