Nombreux sont ceux qui aiment à admirer les couleurs de la nature automnale. Elles offrent une jolie palette de couleurs chaudes, du jaune au rouge, en passant par l'orange et le brun.

Oui, mais… ce que l'on ignore bien souvent, c'est que ces couleurs chatoyantes ne sont que les prémices d'un sacrifice opéré par les arbres eux-mêmes. C'est cruel, mais c'est ainsi.

Les feuillus (en opposition aux persistants, pour la plupart des conifères) se séparent de leurs feuilles à l'automne. En effet, à l'arrivée de la saison froide, l'arbre, prévoyant, sait bien qu'il aura besoin de toute son énergie accumulée à la belle saison. Il sait que l'hiver sera rude : les feuilles n'y survivront pas, quoi qu'il arrive. Elles ne sont protégées que par une fine pellicule, qui ne résistera pas au froid et aux conditions climatiques rudes de l'hiver.

C'est pourquoi il les sacrifie, au bénéfice des parties qui résisteront au climat, et qui nécessitent l'énergie qui lui reste. Alerté par le raccourcissement des jours (il sent bien que le soleil ne réchauffe plus ses feuilles bien longtemps) et le net rafraîchissement des températures, il lance la production de liège (le même qui forme les bouchons, oui). Ce liège va se poser à la base des feuilles, dans les canaux qui permettent la circulation de la sève.

Privées d'énergie, les feuilles ne peuvent pas survivre. Le liège accumulé progressivement à leur base finit par les dessécher entièrement. Elles se détachent et tapissent alors le sol, au risque de nous faire tomber et que l'on se casse ainsi quelques dents : les feuilles mortes, ça fait glisser ! Après la chute de la feuille, une petite cicatrice se forme sur le rameau d'origine : une mince pellicule de liège la recouvrira bientôt.

Mais alors, me direz-vous, ce sacrifice n'explique pas les changements de couleur qui s'opèrent à cette même période ! Eh bien si, pourtant. Le liège empêche la sève d'alimenter la feuille en énergie : celle-ci devient bien incapable d'assurer la photosynthèse. La chlorophylle, pigment essentiel à ce délicat processus, se retrouve au chômage et se dégrade rapidement, sans possibilité de se renouveler. La couleur verte se laisse donc progressivement déborder par les autres pigments, habituellement en retrait pour la plupart des arbres, et l'automne se pare de rouge et d'orange, en attendant que le vent précipite la chute des feuilles.