Et bien non, les plantes carnivores ne sautent pas hors de leur pot pour vous dévorer : nous ne vivons pas dans Super Mario !

En fait, les plantes carnivores sont surtout des monstres d'adaptation : laissez-moi vous expliquer. Les plantes, en plus de leurs besoins basiques d'eau, de lumière et de dioxyde de carbone, ont besoin d'éléments nutritifs pour vivre et s'épanouir. On parlera essentiellement d'azote (constituant principal des protéines), de potassium et de phosphore. La plante prélève la plupart du temps par voie racinaire ces éléments du sol sur lequel elle grandit (d'où les apports massifs de ces éléments dans les cultures intensives, par ailleurs).

Mais les plantes carnivores, elles, sont des grandes rebelles de l'environnement. Elles poussent sur des sols pauvres et humides (tourbières, marais…)
Incapables de trouver les éléments nutritifs dans le sol, elles ont développé un moyen alternatif : l'absorption de créatures animales, pour en extraire les fameux azote, potassium et phosphore tant désirés !

Leurs proies sont, pour des raisons évidentes, de petite taille : moucherons, papillons, moustiques, ce sont pour la plupart des insectes. Mais il arrive chez les espèces les plus grandes (comme la Nepenthes Truncata) qu'on trouve, coincées dans leurs pièges, des grenouilles ou des souris ! C'est notamment arrivé au Jardin Botanique de Lyon, cocorico !

La capture de ces proies se fait par l'utilisation d'un piège (c'est cruel, mais c'est ainsi). Les pièges peuvent être actifs : les mâchoires de la Dionée se referment sur leur proie dès lors que celle-ci a effleuré ses poils sensitifs ; les feuilles parsemées de poils collants de la Drosera se replient, ne laissant au malheureux insecte aucune chance de fuite. Il existe aussi des pièges passifs, comme les cornets ou les urnes, dans lesquels les proies peuvent rester coincées et se noyer (c'est le cas pour les Nepenthes).

Pour parvenir à tirer des éléments exploitables de ces proies, il faut un processus de digestion, comme pour nous. C'est simple, en fait : les enzymes contenus dans les pièges dégradent progressivement la proie, pour obtenir des éléments assimilables. Ceux-ci sont absorbés par la plante par les voies classiques de circulation, et elle se régale. Un piège pourra généralement capturer 3 à 4 proies avant de faner et de laisser la place à de jeunes pièges vigoureux.

Fascinant, la manière dont les plantes carnivores sont parvenues à tirer profit d'un environnement qui à priori leur était hostile, non ?