Salut à toi, lecteur toujours fidèle !
Salut à toi, lecteur occasionnel !
Salut à toi, lecteur qu'on dépucelle !
Aaah !! des zombies !! Où donc ai-je mis ma pelle ‽ (1)

Deux fois.

Deux fois déjà que je faux à mon devoir de vous saluer proprement. La première fois à cause d'une sirène décevante, et cette fois-ci à cause d'une bande de zombies pas frais. J'ai l'imaginaire particulièrement dérangeant(2). Bref… Pouf, pouf.

Salut à toi, lecteur toujours fidèle !
Salut à toi, lecteur occasionnel !
Salut à toi, lecteur qu'on dépucèle !
Ah, mais lâche-moi ! J'y tiens à ma cervelle !

*SBAF*

Bon, bon, bon. Il semblerait que ces zombies veulent à tout prix se faire une place dans cet article. Vous me connaissez, je suis quelqu'un de gentil et conciliant, et c'est avec grand plaisir que je vais me faire la voix de mes nouveaux amis morts-vivants.

«  Braiiiinn…
— Oui José, tu es une personne à part entière, avec des droits et des devoirs.
— Braiiiin ?
— Ah, ben ça je n'en sais rien.
— Braiiiiiin !
— T'es con, lol. »

Mon très cher lectorat, permettez que je vous expose le problème de mon ami José(3). Il est mort. Mort ? la belle affaire, me direz-vous, vous qui avez un cor au pied, ce qui est autrement plus douloureux. Oui, c'est certain, mais hélas et c'est là qu'est l'os, José est aussi vivant que vous et moi.

Parfaitement ! José est un mort-vivant tout ce qu'il y a de plus réel et de plus respirant. Il porte un costume sobre, est rasé de frais et prépare un poulet au curry délicieux. Et croyez-le ou non, il n'est pas le seul.

L'épidémie de mort-vivance a commencé en 1976, dans un petit village des hauteurs de l'Inde. Un humble berger que rien ne destinait à sortir de l'anonymat, connement occupé à lire Entrevue pendant que ses moutons paissaient, se fit soudain piquer par un rhinocéros volant mutant !

« Braiiiiin !
— Quoi ‽
— Braaaiiiiiin !
— Je comprends, mais là c'est quand même plus amusant.
— Braiiiiiiin !
— Ça va, hein. Arrête de me prendre la hure(4).
— Braiiiiiin !
— C'toi l'fifrelin ! »

Bon. À la demande de José, je vais vous conter la véritable histoire des morts-vivants indiens.

Donc, l'épidémie de mort-vivance a commencé en 1976, dans un petit village des hauteurs de l'Inde. Un humble fermier que rien ne destinait à sortir de l'anonymat, doctement occupé à lire Le Monde tandis que ses poireaux poussaient avec entrain, décida soudainement de se rendre dans un établissement bancaire afin d'y contracter un prêt.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsque le préposé au guichet lui annonce avec nonchalance, et une morgue peu coutumière de cette congrégation, qu'il est décédé !

Un peu choqué, feu notre fermier s'enquiert de cette incongruité et obtient explication : son oncle maléfique a corrompu le gouvernement afin de le faire administrativement passer pour mort pour s'approprier ses terres(5). « Qu'à cela ne tienne, dit alors Lal Bihari – car c'est son nom – je vais aller leur montrer de vive voix de quel bois je me chauffe, et donc que me chauffant, je suis bien vivant. CQFD. »

Primesautier, bien qu'impécunieux, notre bienheureux fermier s'en fût déclarer son état de vie aux autorités. Chemin faisant, il rencontra de nombreux morts-vivants tous comme lui qui décidèrent de l'accompagner, tant il est vrai que la vie après la mort, c'est assez peu guilleret. Lal Bihari était heureux d'avoir tous ces compagnons pour appuyer sa requête et la légende dit qu'il laissa tomber ces mots glorieux : je partis un, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes environ cent à une vache près en arrivant au port.

Malheureusement, en arrivant au port, l'administration lui assura qu'il était bel et bien mort et qu'il serait de bon ton d'arrêter d'enquiquiner les vivants, c'est la moindre des politesses, merci, SUIVANT !

Qu'à cela ne tienne, dit alors Lal Bihari qui avait la formule pauvre, je vais créer une association pour faire valoir notre droit à la vie. Étant respectueux de la parole donnée, c'est ce qu'il fit, et créa la Mritak Sangh, l'Association des Morts. Et il ne comptait pas s'arrêter là.

D'un naturel farceur et opportuniste, notre mort-vivant préféré décida de jouer le jeu pour attirer l'attention sur sa condition. Désormais dans toutes ces correspondances, il s'amusa à signer « Feu Lal Bihari » (Lal Bihari Mritak dans le texte), organisa son propre enterrement, demanda une pension de veuvage pour sa femme et s'adonna à des séances de spiritismes pour faire peur aux gosses(6).
Il alla même jusqu'à se présenter aux élections contre Rajiv Gandhi en 1989, alors premier ministre.

À force d'actions et de pression, notre bon fermier s'est vu ressuscité en 1994. De nouveau vivant, il a continué ses actions pour aider ses amis morts-vivants, en les supportant, en les protégeant(7) et en se présentant à divers postes politiques.

En 2004, seules quatre personnes ont été ressuscitées grâce à ses actions et celles des membres de la Mritak Sangh.

Aujourd'hui, l'association compte plus de 20 000 membres.

Bref, les morts-vivants sont parmi nous et sont, j'en suis sûr, de charmantes personnes. Alors posez ces haches et venez faire copain-copain ! Oh, je sais que d'aucuns argueront qu'en baissant leur garde, ils vont se faire manger le cervelet, oui, oui, oui, et arrêtez de vous cacher derrière votre tronçonneuse, tout le monde vous voit. Alors voici un petit conseil pour reconnaître un mort-vivant indien d'un zombie-mangeur-de-cerveaux : le mort-vivant indien milite pour être reconnu vivant, alors que le zombie-mangeur-de-cerveaux a un bout de tête en moins sans que cela lui cause le moindre inconfort.


  1. (1)
    Darwin avait raison.
    — De quoi ?
    — L'évolution existe bel et bien.
    — Ah, oui… Bon, on va rester là longtemps ?
    — Tu ne veux pas voir ce qui va se passer ?
    — Gnagnagna… article… conclusion… blagues… Je préfère aller au bar.
    — Ooh, attends deux minutes. Reste au moins pour l'apéro.
    — Apéro ?
    — J'ai de l'arak.
    — Hurray !

  2. (2) À ceux qui viennent de dire que j'étais dérangé, d'un côté vous avez raison, mais d'un autre, c'est pas très très gentil. Non, ne niez pas ! Je vous entends penser d'ici.
  3. (3) José est étranger et ne parle pas français, je lui sers donc d'interprète.
  4. (4) Tu es un sanglier. TU ES UN SANGLIER !
  5. (5) On dirait du Disney.
  6. (6) J'avoue que ce dernier point est sujet à controverse, aucune source plus fiable que mon imagination n'ayant été trouvée.
  7. (7) Car ils risquent à tout moment de se faire tuer, pour de vrai, par ceux qui se sont approprié leurs biens, sans moyen de défense.