Chers lecteurs, bonsoir,

Lisant un ouvrage sur l'histoire du vingtième siècle, je lus avec nostalgie l'histoire des conquêtes sociales. Un acronyme me revint alors, dans un style so twentieth century(1) : SFIO.

Qu'était ce parti, son histoire ? C'est ce dont nous allons parler, pardi !

La SFIO représente l'organe issu de la fusion en 1905 des courants socialistes de l'époque(2). Jean Jaurès(3) s'impose assez vite comme le chef de file. Après tout, il a combattu pour l'unité du mouvement et la synthèse de ses idées parfois antagonistes. La base militante du parti est alors large et nombreuse.

La première guerre mondiale fait trembler l'édifice qui perd son leader assassiné et son idéologie internationaliste et pacifiste en se joignant à l'Union Sacrée. Cependant, elle joue un grand rôle dans la recherche de la paix vers le milieu du conflit.

La révolution bolchevik de 1917 secoue également la SFIO qui se divise idéologiquement, puis effectivement au congrès de Tours en 1920. Ce congrès intervient après deux échecs : syndical avec les grèves ratées de 1920, et électoral avec l'élection d'une chambre majoritairement conservatrice(4). En effet, les bolcheviks décident d'imposer aux membres de leur internationale (la troisième) onze conditions sine qua non dont l'entretien d'une cellule clandestine. Le refus des cadres entraine alors la sécession du gros de la SFIO qui s'en va fonder le PCF. Cette scission atteint même la base du parti : la CGT connait également sa division.

Malgré ces départs nombreux(5), Léon Blum et Paul Faure font du parti la première force de gauche, qui, grâce à une alliance avec les radicaux, soutient un gouvernement pour la première fois depuis l'Union sacrée : le « Cartel des gauches » de 1924 à 1926.

Le péril fasciste en Europe pousse ensuite les gauches à s'unir, après avoir nettoyé leurs rangs des éléments pro-fascistes(6). Les événements du 6 février 1934(7) et la bonne volonté de l'internationale communiste permettent l'alliance avec le PCF.

Ce « front populaire » à vocation défensive remporte les élections en mai 1936 et réalise un ensemble de réformes sociales (semaines de 40 heures, congés payés…). Difficultés économiques et crise espagnole font tomber le gouvernement Blum qui resurgit, pour chuter à nouveau sur des questions de politique étrangère. La débâcle de 1940 n'arrange rien à l'affaire et ils sont une minorité à refuser les pleins pouvoirs à Pétain.

La SFIO résiste tant bien que mal, étant présente dans les réseaux résistants et maquis et gardant son organisation, siégeant au Conseil national de la Résistance.

Après guerre, la SFIO gouverne avec de Gaulle, puis sans lui et réalise des réformes encore en vigueur (droit de vote des femmes, sécurité sociale, nationalisations…). Rapidement, le PCF prend la place de la SFIO à la tête de la gauche et les positions de celle-ci sont intenables. Pierre Mendès France fait relever la tête au parti, mais la politique étrangère (la guerre d'Indochine) fait tomber son gouvernement.

La fin de la IVème république entraîne par la suite la mort de la SFIO, comme celle des autres partis à l'exception du PCF.


  1. (1) Michel Serres, si tu nous lis…
  2. (2) Tels que les courants guesdistes, blanquistes, réformistes…
  3. (3) Dont j'ai déjà raconté la mort dans un précédent article.
  4. (4) La fameuse chambre « bleu horizon » de la couleur de l'uniforme des poilus.
  5. (5) Ne restent, après le congrès, que 20 000 adhérents.
  6. (6) Tels que Déat et Marquet en 1933.
  7. (7) Un coup de force des ligues fascistes est réprimé à Paris.