Les pions ont une place importante dans le Monopoly et on peut difficilement imaginer une partie sans eux. Mais pourquoi prendre de tels objet qui s'accordent aussi mal avec le reste du jeu ?

Il faut remonter à la première édition du jeu, en 1935, pour comprendre. À l'époque, Charles Darrow – le concepteur du jeu – recommandait aux joueurs de se servir des objets disponibles dans la maison pour représenter les joueurs : boutons, pièces, clés…

Devant le succès du jeu, la société Parker Brothers rachète l'idée à Charles Darrow (elle l'avait refusé quelques années auparavant pour des « erreurs de design »). Ils vendent donc avec le jeu quatre pièces en bois paraffiné, puis changent rapidement d'opinion en introduisant des pions en métal ressemblant à ce que les premiers joueurs auraient pu trouver : c'est l'introduction des fer à repasser, sac à main, lanterne, voiture, dé à coudre, chaussure, haut-de-forme et du cheval à bascule. Notons d'ailleurs que le chapeau est le même que celui porté par « rich uncle pennybags », renommé Mr. Monopoly en 1999 par Hasbro.
Toujours en 1937 apparaissent deux jetons additionnels – le bateau et le canon – qui étaient déjà utilisés dans un autre jeu des mêmes éditeurs : Conflict.

Pions du Monopoly

Ces dix pièces seront utilisées jusqu'en 1942.

Puis vint la Seconde Guerre mondiale et la pénurie de métal aux États-Unis, forçant Monopoly à ne proposer que des pions en bois. Peu après la guerre cependant, les jetons métalliques reprendront place dans la boîte de jeu, mais ils ne sont plus fondus par la même société (l'ancienne s'étant reconvertie dans les jetons en plastique), ce qui force Parker Bros. à fondre leurs propres pions (que je trouve beaucoup moins léchés, mais cela n'implique que moi !)

Les années 50 verront l'apparition de trois nouveaux jetons au détriment de trois anciens : adieu donc lanterne, sac à main et cheval à bascule ; bienvenue à la brouette, le cavalier et le chien (Scotty, le chien du futur Mr. Monopoly).

Depuis, la société semble s'être fixée sur ces modèles, même si de nouveaux moules sont testés de temps à autres sans apporter de modification profonde. Les éditions « de luxe » apportent quelques pièces (le train par exemple), tandis que chacune des éditions spéciales est livrée avec son propre ensemble de pions : au total, plus de 1 100 modèles différents… dont je ne ferais pas l'historique exhaustif ici.

Pour conclure, précisons que l'historique dressé ici est sommaire et que les pions apparaissent et disparaissent selon les versions, en faire la liste concrète serait aussi long qu'inutile !
Ajoutons aussi que les données fournies par Hasbro ne concordent pas avec les photos des premières éditions, que les brevets déposés parlent de formes pas encore inclues et que différentes éditions existent sur les mêmes années, et vous comprendrez pourquoi cet article est indigeste !