Dans la catégorie « procédés littéraires », le fusil de Tchekhov, ou « loi de conservation des détails », est une technique souvent utilisée.
Il s'agit en fait d'insérer tôt dans une histoire un objet, la mention d'une anecdote ou en général un élément d'apparence anodine, dont l'importance n'est révélée que plus tard au cours de l'histoire.
Cette méthode est particulièrement utilisée dans des nouvelles ou dans des histoires brèves dans lesquelles aucun détail ne doit être laissé au hasard.

Par exemple, imaginez des visiteurs à qui on fait visiter une maison. Si on mentionne un détail décoratif comme un aquarium géant ou une collection de sabres, il est fort à parier que la vie d'un des hôtes va s'achever brusquement à la suite d'une baignade prolongée avec des poissons rouges ou par une brusque et malencontrueuse rencontre avec une lame acérée. Ceci est aussi valable pour n'importe quel objet/personnage que l'on a détaillé avec des caractéristiques spéciales.

Tchekhov résume le procédé de cette manière : s'il y a un fusil accroché au mur dans le premier chapitre, il devra être utilisé dans le deuxième ou troisième chapitre.
En résumé, si le fusil mentionné n'est pas utilisé dans l'intrigue, alors il n'a pas a être mentionné, voilà la pensée de Tchekhov.

Cette méthode a toutefois des inconvénients. Au cinéma, par exemple, la mise en évidence discrète d'un objet est assez délicate. Comment amener le spectateur à remarquer un détail sans éveiller ses soupçons quant à son utilisation ultérieure ?

Ce procédé, utilisé habilement, donne un certain plaisir au lecteur(1) car cela permet non seulement de le surprendre, mais cela donne la satisfaction d'avoir bien suivi le fil de l'histoire lorsque l'on retrouve un détail.


  1. (1) Ou spectateur, auditeur, bref, tout ce que vous voulez.