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Le 20 janvier, le Roi déchu Louis XVI est averti du verdict dans sa prison du Temple. Il demande un sursis de trois jours – qui lui est refusé – et est donc conduit sur la place de la Révolution le 21 janvier 1793 par le Commandant de la Garde Nationale Santerre. Soutenu par son confesseur l'abbé Edgeworth de Firmont avec lequel il a passé les dernières heures, Louis XVI arrive dignement sur l'échafaud.

Craignant un ultime rebondissement si le roi fait un discours devant la populace, Santerre donne l'ordre de faire jouer tous les tambours au pied de l'échafaud. Sur la dernière marche cependant, le descendant d'Henri IV fait un signe impérieux aux tambours qui, surpris, cessent de battre, et crie d'une voix tonnante : Je meurs innocent de tous les crimes qu'on m'impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France. Et vous, peuple infortuné…
Déjà, des ordres sont donnés et les tambours reprennent, malgré les véhémentes mais quelques peu puériles protestations de Louis le Dernier.

Le bourreau présente la tête de Louis XVI au peuple

Voyant le vent tourner, le bourreau Sanson ordonne l'exécution immédiate du roi : voulant trop bien faire, il lâche la lame avant que la tête soit entièrement placée dans la guillotine ! La vitesse acquise par la lame est normalement suffisante pour couper les tendres chairs du cou, mais pas pour couper un crâne : au lieu de couper proprement, la lame s'arrête donc sur l'arrière de la tête… et dans un ultime réflexe, Sanson met tout son poids sur la lame pour terminer la sinistre besogne et détacher la tête du reste du corps, éclaboussant par la même occasion le pauvre abbé Edgeworth(1)

À 10 heures 20, la tête de Louis XVI est montrée au peuple de Paris qui crie Vive la Nation ! Vive la République ! et organise des farandoles autour de l'échafaud.
Le peuple dépasse les gardes et, aux cris de « Vive la République », vient tremper piques et mouchoirs dans le sang royal – considéré comme un remède absolu (« le roi te touche, Dieu te guérit ») – inconscient du paradoxe d'avoir assassiné ledit « roi de droit Divin ».

Cet homme qui manqua de la force nécessaire pour préserver son pouvoir, et fit douter de son courage tant qu'il en eut besoin pour repousser ses ennemis ; cet homme dont l'esprit naturellement timide ne sut ni croire à ses propres idées, ni même adopter celles d'un autre, s'est montré tout à fait capable de la plus étonnante des résolutions, celle de souffrir et de mourir.

— Madame de Staël

  1. (1)

    Même si ce paragraphe est très lyrique, je dois à la vérité historique d'ajouter que cette mauvaise scission est contestée par de nombreux historiens, et par un témoin de première main ; le bourreau lui-même…
    En ce qui concerne le le sang sur l'abbé, cela semble par contre faire l'unanimité dans les milieux « qui savent » : on atteste même de la présence d'une « double giclée ».