Bonjour à tous, amis lecteurs !
Aujourd'hui, la première partie d'une petite série sur l'économie. Quelques éléments pour comprendre un peu plus les différents marchés. Alors si vous étiez perdus entre obligations, actions, marché monétaire et marché à terme, suivez le guide.

Tout d'abord, un point sur les marchés obligataires. Ces marchés ont une très grande influence dans l'économie et nombre des problèmes actuels sont plus clairs et plus compréhensibles une fois qu'on comprend ces marchés.

Alors qu'est-ce qu'une obligation ? De facon simple, une obligation est une reconnaissance de dette. La personne qui émet l'obligation promet à celui qui en est titulaire de lui verser une somme d'argent déterminée par avance à une date déterminée aussi, ainsi que des intérêts pendant toute la durée de vie de l'obligation. Si un État émet une obligation de 100 000 euros à un taux de 4,5 % pour 2 ans, cela veut dire que la personne qui sera possesseur de l'obligation recevra 4 500 euros tous les ans et 100 000 euros à la fin des 2 ans. Pour en être possesseur, il suffit de payer les 100 000 euros en question. En bref, il s'agit d'un genre de prêt.

Qui émet des obligations et pourquoi ? Le plus souvent des États mais aussi des grandes entreprises. C'est un moyen de se financer sur le marché sans perdre une partie de la propriété (a contrario des actions). C'est aussi le placement jugé le plus sûr donc il attire plus d'acheteurs sur le marché. En effet, en cas de défaillance d'un pays ou d'une compagnie, les possesseurs d'obligations sont les premiers remboursés.

Le plus important dans les obligations étant le taux, comment celui-ci évolue-t-il ? Lorsque quelqu'un achète une obligation à l'origine, il le fait en estimant le risque de ne pas être remboursé. C'est d'ailleurs ce risque plus ou moins élevé qui fait le taux d'intérêt : si quelqu'un a plus de risque de ne pas être remboursé, il acceptera plus facilement de payer le montant de l'obligation (et ainsi de prêter de l'argent) à un haut taux qu'à un taux bas. Alors comment le taux fluctue ? Si je paye une obligation 100 000 euros à un État et que celui-ci semble donner des signes de faiblesse, je vais être tenté de la vendre pour m'en débarrasser. Mais les acheteurs seront moins nombreux et surtout ils ne souhaiteront pas payer cher pour quelque chose de risqué. Admettons que quelqu'un achète pour 90 000 euros, il touchera toujours comme moi précédemment des intérêts fixés de 4 500 euros. Seulement sur 90 000 euros, 4 500 euros par mois d'intérêt représentent un taux de 5%.

Alors pourquoi est-ce grave ? Les nouvelles obligations émises sur le marché ont un taux calculé sur celui des obligations en cours. Si le taux des obligations encore en cours part à la hausse, cela veut dire qu'un pays par exemple devra émettre des nouvelles obligations à des taux toujours plus élevés et donc payer des intérêts plus importants à un plus grand nombre de gens(1). En gros, emprunter sera beaucoup plus cher. De plus, des taux élevés indiquent aux potentiels acheteurs qu'ils doivent se défier de vous : à terme, vous pouvez même ne plus trouver d'acheteurs pour vos obligations et donc ne plus pouvoir emprunter de l'argent(2).

Quel rapport avec les agences de notation ? Les agences de notation servent aux acheteurs à évaluer le risque qu'ils prennent en achetant une obligation. Si la note est de AAA, le remboursement est quasi-garanti ; si la note est de C, le remboursement est plus que compromis. En somme, si un émetteur d'obligation est classé au dessus de BAA, on considère l'investissement comme sûr (investment grade) sinon l'investissement est dit douteux (junk bonds).

Quelques détails pour finir. Tout pays a besoin d'émettre des obligations pour couvrir son déficit budgétaire. Seulement, selon qui possède vos obligations, ça peut être plus ou moins facile : si la plupart de votre dette est possédée par un des citoyens de votre pays, on peut espérer de leur part plus de patriotisme(3). Si ce n'est pas le cas, les investisseurs auront peut-être intérêt à parier sur votre non-remboursement en faisant gonfler les taux pour toucher plus d'argent immédiatement(4).

En somme, les marchés obligataires permettent aux pays d'emprunter et sont les placements les plus sûrs pour les investisseurs.


  1. (1) A contrario, certains pays comme la France empruntent occasionnellement à taux négatif, c'est-à-dire que les placements sont tellement sûrs que les investisseurs préfèrent payer de l'argent pour prêter. Ils savent ainsi qu'ils récupéreront au moins leur capital à la fin.
  2. (2) L'Espagne récemment a suscité des doutes sur sa capacité à emprunter à nouveau autant que nécessaire sur les marchés et la Banque Centrale Européenne a dû donner quelques garanties pour rassurer le marché.
  3. (3) C'est le cas du Japon dont la dette est plus élevée que celle de certains pays européens en crise mais détenue à 80 % par des Japonais.
  4. (4) Comme dans le cas de la Grèce ou de l'Espagne.

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