Cette expression de la langue française, souvent proférée à titre de menace, reste de nos jours très employée. Cependant, force est de constater que l'objet dont il y est question n'est pas un que le quidam moyen est amené à utiliser tous les jours. Qu'est-ce donc que ce « collimateur » ?

En optique, et plus particulièrement en optique géométrique, on travaille beaucoup avec des faisceaux lumineux qui viennent de très loin. Du soleil, par exemple, ou même de sources plus proches, mais dont la distance reste grande à l'échelle de l'expérience. Dans ce cas, les physiciens aiment beaucoup pouvoir considérer que les rayons qui constituent le faisceau sont parallèles. Ça simplifie vachement les calculs, et croyez-moi, en optique, c'est vraiment pas du luxe.
Mais des fois, il ne suffit pas de faire des calculs super savants sur un tableau, et d'annoncer fièrement votre résultat : votre boss (prof, comité d'éthique, jury de master, de thèse, etc.) veut… des résultats expérimentaux ! Le culot de ces gens-là ! Là, vous n'avez pas trop le choix, et c'est quand même pas pratique de vous mettre hyper loin de votre source de lumière.

C'est alors que vous sortez votre collimateur. Le but de cet appareil est de transformer un faisceau lumineux quelconque en un faisceau de rayons parallèles. Ce qui permet, par exemple, de simuler une grande distance avec la source de lumière. Les lecteurs ayant vaguement écouté en cours d'optique (je sais, j'en demande beaucoup) se rappelleront peut-être un instrument qui permet de faire ça : il s'agit tout simplement d'une lentille optique. En plaçant la source lumineuse à son point focal, on obtient un faisceau issu de la lentille dont les rayons sont parallèles. C'est très utile pour le réglage des instruments d'optique lorsqu'on a besoin de précision, mais le réglage, c'est déjà chiant quand on le pratique…

« Bon, tout ça c'est très bien, mais ça ne nous aide pas franchement pour notre satanée locution » vous entends-je déjà rouspéter (et oui, j'ai l'ouïe fine).
Le collimateur de cette expression est en réalité un collimateur d'origine militaire : il s'agit d'un instrument de visée. Un collimateur laser peut également être utilisé pour régler une lunette optique de visée. En gros, « être dans le collimateur » de quelqu'un, c'est être dans sa ligne de mire, son viseur, c'est être sa cible. Cela signifie donc qu'il vous surveille, guette votre première erreur. C'est vraiment pas très positif. C'est ça qui a donné son sens à notre expression du jour.
Quel rapport avec l'instrument d'optique ? Et bien, il s'agit plus ou moins de la même chose : un collimateur, c'est jamais que « un truc qui fait viser en ligne droite » (du latin collimare, qui proviendrait lui-même d'une erreur de lecture du mot collineare, qui veut plus ou moins dire « en ligne droite »). Et ça, c'est tout aussi important en optique qu'en balistique.