Peut-être(1) vous est-il déjà arrivé de connaître cet instant de doute, lorsque, au cours d'une dictée, votre maîtresse(2) prononçait ce mot fatidique : « dieu ». « Vertudieu, dois-je ou ne dois-je pas mettre une majuscule ? », telle était alors l'interrogation qui vous torturait l'esprit durant de longues minutes angoissantes, qui faisait s'envoler votre rythme cardiaque, et qui rendait moite de sueur votre main tremblante(3).

Rassurez-vous, grâce à moi(4), vous n'aurez plus ce problème et vous pourrez étonner, impressionner, voire même subjuguer vos correspondants épistolaires par votre aisance dans l'utilisation de ce mot divin. Car, pardieu, oui, il existe une règle régissant la majuscule du mot « dieu », celle-ci n'est pas décernée au mot sus-nommé selon le bon-vouloir de tel ou telle maître ou maîtresse dont le sadisme n'est plus à démontrer pour les nombreux parmi vous ayant eu à subir le contre-coup du manque affectif certain qui fut le leur dans leur plus tendre enfance et qui, seul, peut expliquer aujourd'hui un comportement parfois surprenant, souvent exaspérant, toujours traumatisant.

La règle, pour en revenir à elle, est très simple : si le Dieu en question est unique, il a une majuscule. Sinon, il n'en a pas. Facile, non(5) ?

Allez, on va donner quelques exemples. Tout d'abord, pour les chrétiens : majuscule ou pas majuscule ? Le Dieu des chrétiens étant a priori unique, majuscule. Donc, nous écrirons « Mon Dieu » et « Grand Dieu ». Idem pour les juifs et musulmans, et pour toutes les religions monothéistes en général. En revanche, dès que nous nous trouvons dans une religion polythéiste, pas de majuscule : les dieux grecs, les dieux égyptiens… Y compris quand on ne parle à ce moment-là que d'un seul dieu : « Aphrodite, déesse de l'Amour(6) », « Éros, dieu de l'Amour aussi(7) ». Surtout, retenez bien, vous ne pouvez en aucun cas écrire « Dieux », au pluriel et avec une majuscule(8).

Seulement, comme vous vous en doutiez, il y a une petite subtilité. Dans les titres d'œuvres, le premier mot prend toujours une majuscule, le deuxième aussi si le premier est un déterminant. Voilà pourquoi on parle des Dieux du Stade(9) (titre du calendrier), et voilà pourquoi, si vous avez un livre sur les dieux grecs, il s'intitule probablement « Les Dieux de la Grèce Antique ».

Armé de cette règle Ô combien utile, vous pourrez désormais affronter les aléas de la vie sans crainte, puisque vous pourrez désormais vous plaindre de Dieu ou des dieux sans que ressurgissent les symptômes pour le moins désagréables présentés au début de cet article(10).


  1. (1) Le « peut-être » est ici purement rhétorique, puisque bien évidemment, vous avez TOUS déjà été confrontés à ce problème.
  2. (2) D'école, bien sûr, voyons…
  3. (3) Ce qui, bien entendu, n'arrangeait rien.
  4. (4) Et grâce aux merveilleux fondateurs d'Omnilogie, que nous ne remercierons jamais assez.
  5. (5) Vous voyez, il ne faut pas me confondre avec votre dentiste, quand moi je dis que ça ne fait pas mal, alors ça ne fait pas mal. Enfin, rarement.
  6. (6) Le choix des exemples est réalisé de façon totalement aléatoire, j'ai pris le premier nom que j'ai trouvé.
  7. (7) Idem.
  8. (8) Évidemment, réfléchissez : s'il est au pluriel, il y en a plusieurs, s'il y en a plusieurs, il ne sont pas uniques, s'il ne sont pas uniques, il n'y a pas de majuscule. QED. Vous aviez compris ? Bravo !
  9. (9) Ne me dites pas que vous n'y avez pas pensé…
  10. (10) Mais si, souvenez-vous : la torture, le rythme cardiaque, la moiteur… Ça ne vous dit rien ? Eh bien, merci, ça fait plaisir de voir que vous êtes attentif à ce que j'écris.