Qui n'a jamais pensé à se faire tatouer ? Un petit cœur, une petite fleur, un prénom… Mais tout cela ne renferme pas de signification très poussée. Ne vous êtes-vous jamais demandé s'il en existait avec de vrais messages ?

Les détenus ont toujours utilisé le tatouage comme un moyen de se rebeller contre l'administration pénitentiaire.
Les trois points formant un triangle comme tatouage sur le dos de la main cachent un message, le trouverez-vous dans cette image ?

A fait de la prison

Le même avec une lettre majuscule exprime un nom, celui d'un clan, par exemple.

De même, « Mort aux vaches », en tant que tatouage ou tag veut dire « Mort aux flics », et le dessin d'une tête de mort sur une pelle et une pioche croisées symbolise le travail forcé et la mort…

Nous sommes loin des petits dessins faits par les adolescents pour montrer à leur être aimé combien ils s'aiment.

Les tatouages se sont répandus dans les Bataillons d'Afrique, dans lesquels les militaires déserteurs ou désobéissants étaient envoyés. Ceux-ci s'en servaient pour montrer leur désaccord envers la hiérarchie et pour exprimer leurs ressentiments d'être là. Si ces tatouages recueillis par Antoine Lacassagne vous intéressent, allez jeter un œil sur ses archives.

Il faut savoir aussi que les tatouages, en prison, ne sont pas faits avec une aiguille et de l'encre aux normes obligatoires utilisées dans tous les salons de tatouages que l'on peut rencontrer dans la rue. Le sens des tatouages importe tellement aux détenus, qu'ils emploient, de nouveau, le chemin de l'illégalité.

Machine à tatouer de détenus

En effet, les détenus se servent comme ils peuvent :

  • en guise d'aiguille : aiguilles à coudre ; lame tranchante (rasoir ou autre ; plus destinée à l'automutilation comme forme de tatouage) ; trombone affûté ou corde de guitare attaché au stylo…
    Cela peut se faire par piqûre ou par incision.
    La première technique consiste à utiliser des aiguilles, des poinçons, des éclats de bois ou des tiges métalliques pointues, des épines végétales (aiguilles de cactus par exemple), avec pour colorant de la suie de fond de marmite. Ce sont des techniques employées pour la majorité des tatouages ethniques arabes. Une des techniques consiste à calquer le dessin sur un papier puis les traits doivent être piqués avec les aiguilles et le papier doit ensuite être placé sur la partie à tatouer.
    La seconde se fait avec des lames de rasoir ou toute lame tranchante, voire des plaques de fer-blanc (boîtes de conserves) ou des éclats de verre. Les peuplades océaniennes utilisent des coquillages aux bords dentelés, tandis que d'autres encore emploient des silex. Le tatouage peut être préalablement dessiné sur la peau avec un crayon gras ou une plume, à moins que le tatoueur ne soit assez habile pour le faire à main levée.

  • en guise d'encre : cendre (tout ustensile de cuisine brûlé par la cuisson peut fonctionner) ; encre de stylo (récupération grâce aux stylos du quotidien) ; encre de chine (interdite elle aussi mais récupérable par le biais de la cantine, une sorte de magasin où les détenus peuvent faire des achats) ; couleurs des canettes de soda fondues ; « des éclats de brique ou de tuile broyés » pour le rouge ; « de l'ardoise pilée » pour le bleu ; « du chocolat en poudre ou avec de la poudre de quinquina délayée dans du vin ».

Si chaque tatouage peut avoir sa propre signification, ceux des détenus comportent quelques codes communs, comme celui des points sur la main. Chaque code comporte un lieu et des formes spécifiques et ils ont du mal à passer au-delà des murs sombres et sécurisés des prisons.

Alors, quand nous pensons que des détenus trouvent tous les moyens possibles, quitte à risquer leur santé pour transmettre un message, pourquoi n'en ferions-nous pas autant avec le matériel mis à disposition légalement ?