Imaginez-vous, perdu dans la forêt amazonienne, les pieds englués dans un marais nauséabond. Soudain, émerge devant vous l'horrible gueule béante d'un crocodile qui vous envisage très sérieusement pour son dîner. Un seul bon réflexe, un seul ? Si, il y en a un.
Vous lui claquez ses mâchoires d'un coup sec, et vous les maintenez serrées. Même si vous n'avez pas les biscottos d'Indiana Jones il y a fort à parier qu'il n'arrivera pas à les rouvrir.

En effet, les muscles permettant d'ouvrir la bouche sont bien plus faibles que ceux qui servent à la fermer. La raison est simple : la mastication est avant tout un processus de rapprochement des mâchoires, qui vient compenser l'étirement des muscles buccaux au contact avec la nourriture.
Autrement dit, dès que les aliments entrent dans votre bouche, ils stimulent divers récepteurs qui vont provoquer un relâchement des muscles masticateurs. Cet étirement musculaire est rapidement suivi d'une contraction-réflexe ramenant les mâchoires au contact l'une de l'autre, avec une pression pouvant atteindre 100 kg au niveau des molaires chez l'homme. (Pour le crocodile, cela tourne plutôt autour des 1300-1400 kg) Le bol alimentaire est ainsi écrasé et ramené contre les parois de la bouche, ce qui provoque de nouveau un relâchement des muscles masticateurs, et ainsi de suite.
Donc si le crocodile vous mâche, ce n'est pas volontaire, c'est par un réflexe purement physiologique. Inutile de garder une dent contre lui.