Installé à la table d'un café italien, vous vous plongez attentivement dans l'étude minutieuse de la carte des cafés. Attention, en Italie, on ne demande pas « un café » ! On demande un café particulier préparé selon une méthode spécifique, accompagné d'adjuvants ou d'accessoires définis ! Pas de précision, pas de café, la tradition italienne est sévère.

Voyons voir : lungo, ristretto, macchiato, cappuccino… déjà vu en France. Puisqu'on est au pays du café, autant essayer quelque chose d'inconnu. Déjà un nom mystérieux accroche votre regard, là-bas, tout en bas de la liste : caffè d'orzo. Ma qué, ma qué… d'orzo, d'Orzo, comme ce nom sonne bien à votre oreille en quête d'exotisme ! Déjà vous imaginez un fringant capitaine italien, moustache noire et cheveux gominés, Alessandro Giacomino d'Orzo, ramenant un café à la saveur incomparable de ses voyages dans des contrées lointaines… le couronnement du Roi du café, les belles Italiennes se pâmant à la dégustation de ce bijou liquide… va pour un Caffè d'Orzo !

Le serveur vous toise un instant avant de balancer sur votre table une tasse d'un breuvage clair, à l'odeur de pain grillé. Du café, ça ? Et bien non. Il caffè d'orzo est un café d'orge, pas de caféier.
« Bon, avec un peu de chance, ça aura goût de bière », vous consolez-vous. Non plus.
Cette tisane d'orge, popularisée en France pendant la seconde guerre mondiale en raison des restrictions imposées sur le café, est aussi appréciée sous le nom de boricha en Corée et de mugicha au Japon, où elle se boit froide, avec des glaçons (!)

Ce café sans caféine, cette bière qui n'enivre pas, peut néanmoins se consommer très corsé (sa saveur rappellera alors celle du café avec un arrière-goût de noisette), accompagné de mousse de lait (macchiato), saupoudré de cacao (cappucino), avec ou sans mousse (con o senza schiuma), chaud ou tiède (caldo o tiepido), etc, etc. Comme un « vrai » café, en somme.