11 Avril 1970, 19 : 13 : 00 UTC(1), Jim Lovell, Jack Swigert et Fred Haise s'envolent à bord de la fusée Saturne V, en direction de la Lune. Nom de la mission : Apollo 13.

Petit rappel d'une mission lunaire. L'ensemble du « vaisseau » qui va emmener les astronautes sur la Lune est composée de trois parties principales :

  • le lanceur – ici la fusée Saturne V – qui sert à mettre en orbite le vaisseau et à l'envoyer en direction de la Lune, il se sépare juste après cette poussée, et retombe dans l'atmosphère ;
  • le module de commande et de service (CSM) – ici, Odyssey – qui sert à mettre le vaisseau en orbite autour de la Lune et à fournir la poussée pour revenir vers la Terre. Il se coupe en deux parties à ce moment-là, le module de service, qui retombe tout seul dans l'atmosphère, et le module de commande, qui va accompagner les astronautes jusqu'à l'atterrissage (qui est plus souvent un amerrissage) ;
  • le module lunaire (LEM) – ici, Aquarius – qui se séparera du CSM lorsqu'il sera en orbite autour de la Lune, pour emmener quelques astronautes (sauf un, au moins, qui restera dans le CSM) se poser sur la Lune. Une fois la mission terminée, il se mettra sur la même orbite que le CSM et s'y amarrera, les astronautes iront alors tous dans le CSM et le LEM ira s'écraser sur la Lune.

Cependant, à la 55e heure, 54e minute et 53e seconde de la mission, le 14 avril à 03 : 07 : 53, Jack Swigert actionne le brassage des réservoirs d'oxygène du CSM, et peu de temps après, l'équipage entend une très forte détonation. Ils croient tout d'abord qu'un astéroïde a frappé le LEM, mais la vérité est tout autre : le réservoir d'oxygène no2, qui se trouve dans le module de service, vient d'exploser. Très vite, les membres d'équipage se trouvent en insuffisance d'oxygène et d'énergie, et doivent se réfugier dans le LEM, les deux autres modules étant devenus totalement inhabitables. Une procédure d'urgence avait été prévue en cas de retour prématuré vers la Terre, mais la mission est trop avancée pour que le module puisse faire demi-tour.

C'est peu de temps après cette explosion(2) que Jack Swigert prononça la célèbre phrase, avec un calme fantastique : Houston, we've had a problem here, soit « Houston(3), nous avons eu un problème ici. ».

Quelles étaient les causes d'un tel désastre ? Tout d'abord, avant la mission, le réservoir d'oxygène qui a explosé, le no2, a été transporté d'un autre module de service à celui qui a servi pour la mission. Lors de son transport, un des boulons de fixation ne fut pas desserré, ce qui endommagea sa conduite de vidange. Ce problème fut remarqué car le réservoir refusait de se vider, mais on décida de le laisser comme ça, car les conduites ne sont jamais utilisées en vol, et on vida l'oxygène par ébullition. Or, cela fit fondre deux régulateurs de température, qui sont censés maintenir la température en-dessous de 26 ℃. La température atteignit ainsi au moins 600 ℃ pendant la vidange, et les gaines des câbles électriques furent totalement vaporisées. Ainsi, lorsque le brassage des réservoirs fut déclenché, les câbles firent des étincelles, et l'explosion se produisit.

Rapidement se pose un problème. Le LEM était prévu pour accueillir 2 personnes pendant 2 jours et non 3 personnes pendant 4 jours. Il faut donc trouver un moyen d'évacuer le dioxyde de carbone, d'alimenter le module en oxygène, en électricité, et en eau potable.


  1. (1) C'est-à-dire l'heure de Greenwich.
  2. (2) Pour être précis, il la prononça exactement 27 secondes après.
  3. (3) Houston étant la ville où est basée le centre de commande et de communication.

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