Quel est le propre de l'Homme ? Le langage, dira le philosophe(1) ; la bipédie, les rites funéraires, diront d'autres. Je ne vous fournirai pas de réponse complète, seulement un aspect original : le suicide.

Peut-être avez-vous déjà entendu dire qu'un scorpion entouré de flammes préfère se piquer lui-même plutôt que de mourir brûlé ? Ou que les lemmings (des petits rongeurs) se jettent en masse du haut des falaises lorsqu'ils sont trop nombreux(2) ? En réalité, tous ces « suicides » sont des légendes : le scorpion se déshydrate et se recroqueville sous l'effet de la chaleur, ce qui donne l'impression qu'il se pique (il est d'ailleurs insensible à son venin). Quant aux lemmings, lorsqu'ils sont trop nombreux, ils partent coloniser d'autres espaces. S'ils croisent une rivière ou un lac, ils le traversent sans problème ; s'ils atteignent la mer, ils vont tenter de traverser mais n'atteindront jamais « l'autre rive ».

Bien sûr, il existe d'autres animaux ayant apparemment une tendance suicidaire ; certains (des insectes surtout) attaquent un ennemi parfois au prix de leur vie : une abeille, lorsqu'elle pique un humain (ou un animal à peau) et que la piqûre est profonde, ne pourra retirer son dard et laissera donc quelques organes sur place. Plus spectaculaire encore, certains termites(3) et fourmis, en cas d'attaque, se font littéralement exploser, ce qui projette une glu sur les assaillants.

Ces pseudo-suicides relèvent en fait d'un comportement altruiste : les abeilles, termites, fourmis et guêpes sont des animaux sociaux qui ne vont pas hésiter à se sacrifier si le bénéfice pour le groupe en vaut la peine. En effet, les animaux d'une même colonie sont extrêmement proches génétiquement ; de plus, les soldats et ouvriers ne se reproduisent pas.

Et les femelles mantes religieuses qui dévorent leurs maris après s'être accouplés ? Cette théorie a été émise d'après des observations en vivarium : après l'accouplement, la femelle cherche a se nourrir. Dans la nature, le mâle a des chances de s'échapper, et la femelle va chercher une autre proie. Dans un vivarium, aucune chance. Ce qui ne veut pas dire que le mâle n'y laisse jamais la vie dans la nature ; mais de toute façon le cannibalisme n'est pas rare chez les mantes. Ça ne traduit donc pas un comportement suicidaire.

Voilà un aperçu de quelques comportements suicidaires qui n'en sont pas. De toute façon, les animaux n'ont pas la capacité de se projeter dans le futur ; impossible, dans ces conditions, de se donner la mort délibérément et sans finalité.

Mais alors, pourquoi le suicide existe chez les Hommes, vous entends-je vous demander ? Eh bien, sans avoir de certitude, il semblerait que les personnes au comportement suicidaire aient en commun une même atrophie cérébrale. Attention, cette étude n'a porté que sur les seniors, et va sûrement être élargie aux autres classes d'âges.

Vous avez maintenant de quoi surprendre votre entourage(4) !


  1. (1) Notez que je ne suis pas d'accord.
  2. (2) Ce mythe est d'ailleurs repris dans le jeu “lemmings” http://www.elizium.nu/scripts/lemmings/?starsheep_id=7792 pour les nostalgiques ou les curieux.
  3. (3) Eh oui on dit « un termite ».
  4. (4) ou votre prof de SVT (c'est l'expérience qui parle) !