Si vous êtes passés par le collège, on vous a sûrement dit en arts plastiques que les trois couleurs primaires étaient le magenta, le cyan et le jaune. Or, on vous a peut-être aussi dit en sciences, et en particulier en physique, que les trois couleurs primaires étaient le rouge, le vert et le bleu(1). Et les deux sont vrais. Tout est une question de point de vue.

Tout d'abord, prenons le point de vue des scientifiques. Eux considèrent la couleur comme une caractéristique fondamentale de la lumière, déterminée par la longueur d'onde de la radiation étudiée. Un petit schéma pour expliquer :

Les valeurs en nm (nanomètres) correspondent aux longueurs d'onde (la longueur d'onde est la distance séparant deux « bosses » de l'onde).

La lumière blanche est composée de toutes ces radiations, Newton découvrit cela en décomposant la lumière en un spectre(2), c'est-à-dire en toutes les couleurs côte à côte, comme un arc-en-ciel, et décida qu'il serait bien de décomposer cet arc-en-ciel en 7 couleurs, comme les 7 notes de l'octave. Il nomma donc le rouge, l'orange, le jaune, le vert, le bleu, l'indigo, et le violet. Vous remarquerez que personne n'a l'air de savoir vraiment ce qu'est l'indigo, on peut supposer que Newton s'est un peu forcé pour trouver 7 noms.

À partir de là, tout est très simple, on peut composer n'importe quelle couleur en combinant adroitement des proportions de rouge, de vert, et de bleu, la somme des trois faisant le blanc. Voilà un diagramme bien connu qui résume assez bien le principe :

Le rouge et le bleu donne du magenta, le rouge et le vert du jaune, et le vert et le bleu du cyan.

Tout ceci envisage donc la couleur comme étant caractéristique de la lumière, on observe ici la couleur de la radiation qui arrive à nos yeux. On qualifie ce modèle d'additif, car on additionne les couleurs de deux radiations pour obtenir la radiation résultante.

Maintenant, le point de vue des artistes. Eux considèrent la couleur comme étant propre à un objet. Ainsi, ils forment leurs couleurs en les superposant sur un objet, et non en mêlant des radiations de différentes longueurs d'onde. Et alors, me direz-vous ? Et bien, à votre avis, pourquoi un objet vous parait-il, par exemple, rouge ? Parce qu'il renvoie dans vos yeux de la lumière de couleur rouge. Et s'il renvoie uniquement du rouge, cela veut dire que soit il ne reçoit que ça, soit qu'il absorbe tout le reste.

Dans le cas où un objet est éclairé à la lumière blanche (somme de toutes les radiations visibles, je reprécise), sa couleur correspond à toutes les radiations qu'il n'a pas absorbées. Un objet blanc renvoie toute la lumière qu'il reçoit, un objet noir absorbe tout, ou presque. Et un objet rouge absorbe le bleu et le vert (blanc – vert – bleu = rouge, reportez-vous aux paragraphes précédents si vous ne comprenez pas pourquoi).

Par conséquent, que se passe-t-il si vous prenez de la peinture cyan et que vous la mélangez avec de la peinture jaune ?
Une peinture de couleur cyan absorbe tout sauf le cyan. Elle absorbe donc uniquement le rouge, car le cyan est la somme du vert et du bleu.
Une peinture de couleur jaune absorbe tout sauf le jaune. Elle absorbe donc uniquement le bleu, car le jaune est la somme du vert et du rouge.
On mélange donc de la peinture qui absorbe le rouge avec de la peinture qui absorbe le bleu. La peinture résultante absorbera donc le rouge et le bleu, et nous paraitra verte.

D'où le changement de couleurs primaires ! En effet, on fonctionne maintenant sur le modèle soustractif, on soustrait à chaque fois les couleurs réémises pour obtenir la couleur du mélange. Seules les couleurs en commun restent (ici, seul le vert était commun au cyan et au jaune). On obtient ce diagramme-ci :

Vous remarquez que les couleurs secondaires d'un modèle sont les couleurs primaires de l'autre, et inversement.

Vous voyez bien qu'au final, ce n'est qu'une question de point de vue, les deux fonctionnent ensemble, puisqu'ils traitent de la même chose(3).


  1. (1) Vous aurez noté que ce ne sont pas les mêmes couleurs suivant qui le dit.
  2. (2) C'est d'ailleurs lui qui inventa ce mot, du latin spectrum.
  3. (3) Ce qui est assez souhaitable, en soi.