Nous sommes en 1907, à la cour de Russie.

Le tsar de Russie, Nicolas II, vient d'engager un religieux bien bâti et au regard magnétique pour entretenir le feu de lampes éclairant des icônes sacrées.

Nicolas II a bien des soucis en tête : son fils Alexis, seul héritier mâle, est atteint d'hémophilie.
La maladie est transmise par les femmes : pour éviter un soulèvement populaire contre la tsarine Alexandra, une allemande déjà peu aimée du peuple, la maladie est un secret d'État jalousement défini.

En ces jours, le couple tremble. Leur fils s'est cogné la hanche ; un accident banal pour tout enfant, mais pas pour le petit tsarévitch. La fièvre monte, les tissus gonflent et l'on craint pour la vie du futur souverain de la Russie.

Il ne reste qu'un espoir, la prière : Nicolas II part donc prier dans la salle des icônes. Là, il est apostrophé par Raspoutine, qui lui promet que son fils vivra s'il peut lui apporter la bénédiction divine. Envoûté par le regard magnétique de son interlocuteur, le tsar accepte. Raspoutine chasse alors les médecins et commence à réciter des prières.

Le lendemain, après une terrible soirée pour la tsarine, la fièvre tombe. Miracle divin ? Peut-être. Mais une explication plus scientifique existe pourtant. En effet, le traitement d'Alexis comportait majoritairement de l'aspirine, récemment découverte. Or, cette molécule aujourd'hui bien connue est un antiagrégant plaquettaire, empêchant plus encore la fermeture de la plaie. En arrêtant le traitement, Alexis est sauvé.

Raspoutine s'entoure alors d'un aura qui ne le quittera plus jusqu'à sa mort (qui mériterait un article), et dispose d'une entrée chez le tsar – beaucoup murmurent qu'il a aussi d'autres types d'accès chez la tsarine. La légende débute cette nuit-là : Raspoutine écrira les prochaines années de l'histoire de la Russie et deviendra le mythe que l'on connaît.