Un peu d'économie, une pincée de quantique, une once de chimie, trois gouttes de thermo, un souffle de cinétique, un bon gros litre de physique, du calcul à ne plus savoir quoi en faire, voilà ce qui se passe dans le cerveau d'un alchimiste fou entre 4 et 6 heures du matin lorsqu'il conduit sur les routes suisses et se demande pourquoi la crise économique
Après il tente de retraduire ça dans un omnilogisme plus ou moins complexe et travaillé dans le but d'être abordable par tous. Ici je ne rentrerais donc pas dans les calculs complexes et je vais juste aborder les courbes, les croissances, et les idées qui se dégagent du modèle ainsi posé en essayant de garder un semblant d'ordre de pensée.

Le modèle.
Le modèle est simple, c'est une sphère extensible de diamètre inconnu qui représente le monde total. Elle ne possède aucune entrée et aucune sortie et est donc hermétiquement close. Comme ses parois ne sont pas fixées je m'évite tout pleins de problème dont je me fous (l'univers est-il en extension ?).
Dans cette sphère on met un nombre \(n\) de molécules différentes inconnu et quasiment infini (là aussi j'envoie chier les écolos, mais il y a aussi des idées et des services qui peuvent produire de l'argent, donc je garde mes amis). Comme je l'ai dit en introduction je ne compte pas entrer dans les détails trop complexe, mais simplement considérer que certaines de ces molécules peuvent se dégrader pour donner plus de molécules (ou particules) et ainsi augmenter \(n\) qui représente la richesse.
La dégradation d'une molécule sera considérée comme spontanée pour des questions d'éthique (pas de travailleurs ni d'exploités), mais seules certaines molécules peuvent se dégrader sans apport extérieur (certaines ne sont donc pas directement exploitables et nécessitent d'être mises en relation pour « produire » de la richesse nouvelle). Vous avez donc une richesse totale modélisée par des molécules sous forme gazeuse.

Et en plus complexe, plus macroscopique ? Pourquoi ce modèle est-il plutôt stable ?

Alors là ça devient le bordel – accrochez-vous. Le premier modèle qui m'est venu à l'esprit utilisait des particules radioactives gazeuses. Ces particules émettaient des particules alpha représentant la richesse et modélisant l'auto-consommation de celle-ci (tout projet a une durée de vie, aucune mine n'est exploitable à l'infini, etc.).
Dans cette approche, une entreprise est un rassemblement de molécules radioactives qui peuvent récupérer des particules et les injecter dans des molécules (représentant la R&D) dans le but de rendre une autre molécule radioactive et ainsi produire de la richesse à son tour.
On pourrait parler ainsi de temps de demi-vie d'une entreprise, de fin de vie, et du fait que sans apport ou sans activation un groupement devient inerte au bout d'un temps.

Cela dit, une autre approche a plus de potentiel. Plutôt que de modéliser par la radioactivité, on peut utiliser des molécules et des réactions, ce qui donne la même chose mais rajoute des données supplémentaires qui vont venir complémenter le modèle. On dispose donc de l'enthalpie de formation et donc de la production de chaleur et de l'énergie d'activation : on rentre la chaleur dans les ressources de la molécule représentant une entreprise, une forme de richesse qui serait plus un capital.
On pourrait faire un chapitre sur cette chaleur, ses implications, l'énergie d'activation et donc la chaleur qu'il faut pour démarrer la décomposition ainsi que l'assemblement de molécules dans le but d'une meilleure ou plus longue décomposition (R&D du cas présent). La diffusion de cette chaleur aux groupes proches qui pousse à la production plus rapide, permet des réactions qui ne pourraient avoir lieu autrement.

La loi des gaz parfaits et la main invisible de l'équilibre thermodynamique.

À cet instant précis des hordes d'économistes Smithein en furie, la bave aux lèvres et le regard hagard préparent leurs couteaux, aiguisent leurs haches et m'attendent calmement avec le regard d'un serial killer n'ayant pas eu son petit déjeuner.

Pour ceux qui ne connaissent pas Adam Smith, c'est un joyeux luron qui a conçu notre modèle économique actuel et indiqué que si chacun bossait uniquement dans son propre intérêt, quels que soit les rapports de force, une main invisible – dieu, monstre en spaghetti volant, celle qui poussa Gérard du dixième étage – répartirait les bienfaits pour arriver dans une situation mutuellement bénéfique à l'intégralité des agents.
Autrement dit, si chacun bosse rien que pour soi, exploite les autres en ne pensant qu'à soi et en marchant le plus possible sur les autres pour arriver tout en haut, grâce à la main invisible tout le monde finira heureux – et piétiné mais ça ce n'est pas dit dans la chanson.

Alors là mon modèle s'effondre – pour la plus grande jouissance des économistes qui voyaient déjà le mal s'incarner – à moins d'admettre que cette situation idéale est ce qu'on appelle l'équilibre thermodynamique et la loi des gaz parfaits.
Autrement dit tout tend vers cet équilibre (d'un point de vue chimique, toute réaction tend vers son équilibre thermodynamique), et au final tout est bien réparti suivant \(PV = nRT\)… les molécules, même si elles ne sont pas bien rangées sont également réparties et on obtient un système agité avec des molécules changeant de place, des réactions et un ensemble stable.

Vous devriez me voir arriver avec mes grands chevaux… le drame ouvre ses portes en faisant tinter la cloche des quelques trucs appris au lycée…
L'apocalypse qui prend forme comme l'avait prédit Smith…

Hé oui ! Car ce bougre, bien qu'ayant décrété ce modèle économique, et même si les politiques n'ont repris qu'une partie de son idée pour en faire notre modèle économique, avait dit que cela ne marcherait que si c'était fait dans la liberté la plus totale (concurrence pure et parfaite). Autrement dit, que chacun est libre de choisir son prix, libre d'échanger, totalement libre en bref !

Alors pourquoi ça ne marche pas ?

Le pouvoir de la diffusion.

Pourquoi la crise ? Pourquoi les crises ? C'est dit plus haut, notre modèle économique ne marche pas (ce n'est plus un secret pour personne mais on l'aime bien donc on le garde) !
Et ça tombe bien, car notre modèle physique suit les même contraintes ! La liberté totale est impossible, il y a plein de lois qui se substituent d'ailleurs correctement à la loi du marché.

Comme je l'ai dit plus haut, tout marche bien à la seule condition qu'on soit en équilibre thermodynamique. Or l'équilibre thermodynamique n'est pas atteignable en régime diffusionnel(1) (on met des jolies constantes dans nos réactions pour représenter cela). Or, il y a diffusion tant que la sphère n'est pas infiniment petite, donc tant que les ressources ne sont pas accessibles instantanément et tant qu'il y a des frontières.

Vous pouvez aussi vous amuser avec l'épargne, avec les entreprises qui sortent des molécules / produits pour l'instant inexistants, ayant donc une concentration initiale nulle dans le milieu et ainsi une diffusion très importante dans le but d'une propagation très rapide…

Améliorer le modèle

Pour ceux qui s'ennuient eux aussi dans leurs voiture à 4 h du mat' sur les routes Suisses, et pour ceux qui veulent faire des vrais gros calculs je vous propose deux trois pistes pour avoir un modèle encore plus proche de la réalité :

  • Les frontières peuvent être modélisées par une membrane qui entoure un espace lui bien défini et possédant des ressources elles aussi définies. La membrane à une perméabilité différente en fonction du pays et de la « perméabilité » de la frontière en question. Elle peut être facilement sélective…
  • Il est possible d'augmenter la viscosité du vide dans certains espaces pour modéliser la difficulté de diffusion tels que les endroits peu desservis par les transports, les zones de guerres et autres. Ainsi on explique que certains produit où richesses arrivent après les autres (diffusion plus longue).
  • Enfin, et si vous êtes vraiment en forme vous pouvez modéliser les zones en fonction des consommations spécifiques de différents types de richesses et de différentes productions, mais avant définissez tout le reste sinon le modèle n'a pas d'intérêt.

Bonne chance – j'espère que vous avez pu suivre jusqu'au bout !


  1. (1) Si plus est mis à disposition, plus est consommé.