Aujourd'hui, petite séance d'observation du temps qu'il fait à l'extérieur. Oui, parfaitement, sur Omnilogie, nous vous apprenons aussi à observer la nature, y compris dans ses manifestations les plus étranges. « Mais que me veut-elle ? » pensez-vous soudain, légèrement inquiet. Rassurez-vous cher lecteur, contentons-nous de constater qu'il fait désormais beau et chaud, que les petits oiseaux reviennent des pays où ils ont passé l'hiver, et surtout, vous rangez enfin moufles, écharpes et autres pulls. Ah oui, vos paquets de mouchoirs suivent la même trajectoire, ainsi que les divers médicaments contre le rhume, les rhinopharyngites et autres bonheurs hivernaux. « Oui, mais en attendant la suite, je ne vois pas ce dont va parler l'omnilogisme du jour… ». Eh bien… Quand vous allez chez votre médecin favori – oui, celui qui a un vrai diplôme –, plutôt que d'arriver en songeant à l'irritation d'une quelconque muqueuse, vous dites plutôt « Je crois bien que j'ai attrapé un microbe. », à tort.
« Très bien, puisque l'appellation microbe est fautive, comment sommes-nous censés nommer les divers organismes se promenant agréablement dans notre corps ? ». Le plus simple serait évidemment de ne pas leur donner de surnom, mais puisqu'ici, nous ne cherchons pas la facilité(1), je vais donc vous expliquer la subtile différence entres les divers éléments composant ce vaste ensemble qu'est le monde microbien.

Avant toute chose, qu'entendons-nous par « microbe » ? Un objet suffisamment petit pour pénétrer dans un corps humain sans recourir à une intervention chirurgicale ? C'est l'idée. En revanche, si vous ajoutez que tous sont dangereux pour nous – à un degré moindre selon le microbe incriminé : celui du rhume est quand même un peu moins dangereux que celui d'Ebola par exemple ! –, je vous arrête tout de suite : certains microbes sont indispensables à notre vie ! Je vous invite donc à faire un petit tour d'horizon des différents organismes ayant choisi comme promenade de santé(2) notre corps :

  • Commençons par les bactéries, les premiers êtes vivants du monde – les plus anciennes ont quelques milliards d'années(3). Autant dire que tuer une bactérie revient à tuer un lointain cousin(4) à vous, mais là n'est pas la question.
    Pour commencer intelligemment, qu'est-ce qu'une bactérie exactement ? Comme vous l'aurez deviné, il s'agit d'un être vivant unicellulaire, c'est-à-dire qu'une bactérie est composée d'une seule et unique cellule. Bien sûr, celle-ci est particulière dans son genre, ce serait bien trop simple sinon. On dit que c'est une cellule procaryote, car elle ne possède pas de noyau, son ADN flotte directement dans le cytoplasme(5) sans être séparé du reste. Vu que ce genre d'êtres ne possède pas grand chose en dehors de son ADN(6), elles sont relativement petites et mesurent environ un micromètre, autant dire pas grand chose.
    « Bon, c'est donc une cellule minuscule et sans noyau qui me cloue au lit en hiver ? » pensez-vous soudain, légèrement inquiet qu'une si petite chose puisse vaincre une force de la nature comme vous. Eh oui, c'est bien cela, ces « petites choses » comme vous dites sont capables de vous donner la tuberculose – maladie touchant les poumons –, la scarlatine – maladie le plus souvent bénigne mais pouvant être dangereuse –, le tétanos, la syphilis – contre cela, protégez-vous ! – et un paquet d'autres maladies plus ou moins agréables. Mais rassurez-vous, de nos jours, il existe différentes sortes de traitement pour en venir à bout :

    • Les antibiotiques : on vous l'a suffisamment répété, ils ne sont pas automatiques, mais pris correctement – c'est-à-dire la durée que votre médecin vous a fixé, ni plus ni moins, et dans les bonnes doses –, ils viennent à bout de ces êtres vivants, d'où leur nom. En réalité, on différencie les antibiotiques empêchant la propagation des bactéries, appelés bactériostatiques, et ceux qui tuent directement le corps étranger, appelés alors bactéricides.
    • Les antiseptiques : là, on ne se pose pas tellement la question de savoir si l'on veut agir précisément sur des bactéries, il s'agit de détruire le plus de choses possibles, un peu comme les produits ménagers que vous utilisez.
    • La pasteurisation et l'hygiène : on a tendance à l'oublier, mais les bactéries n'apprécient que modérément la chaleur dans la majorité des cas(7). Le médecin ayant donné son nom à la méthode avait découvert qu'en portant un objet à plus de 100 \(°C\), on parvenait à éliminer la plupart des menaces. Enfin, respecter la plupart des mesures d'hygiène élémentaire permet aussi de se débarrasser de divers maux peu agréables !

    Mais attention, n'imaginez pas que toutes les bactéries veulent votre peau, bien au contraire ! Environ 2 % sont mauvaises pour nous, ce qui veut dire qu'avec les 98 % restants, nous pouvons faire de grandes choses, comme manger ! Imaginez un peu la fabrication du pain et des gâteaux sans levure, celle du fromage sans les bactéries, les divers aliments obtenus par fermentation – pas obligatoirement alcoolique, songez à la choucroute – qui disparaîtraient, etc. En plus d'assurer notre survie alimentaire avant ingestion, on les retrouve aussi dans nos intestins où elles vont aider à la digestion. Tout à l'heure, je différenciais les cellules eucaryotes des procaryotes pour définir la bactérie, mais sachez que certains organites présents chez les eucaryotes sont en réalité des bactéries qui ont fusionné avec nos cellules ! C'est ainsi que sont apparus par exemple les mitochondries – lieu de production d'énergie – et les chloroplastes, qui interviennent dans la photosynthèse. Alors, encore fâché avec ces charmantes petites cellules ?

  • Continuons notre promenade en compagnie des virus, qui contrairement à vos nouvelles amies, sont pratiquement tous pathogènes, c'est-à-dire que cette fois, vous tombez malade.
    « Et à quoi ressemble ce fameux poison ? » songez-vous, étonné que je ne vous aie pas encore expliqué. Déjà, félicitations pour vos connaissances en latin, en effet, virus signifie bien « poison ». Ensuite, niveau taille, on est en dessous de la bactérie dans la majorité des cas, la taille idéale se situant entre dix et cent nanomètres, bien que certains virus particuliers – les mimivirus – puissent atteindre 400 nanomètres sans trop de problèmes ! Attention, un virus n'est pas une cellule, et pour le moment, on considère que ce ne sont pas des êtres vivants, car ils sont incapables de se reproduire seuls ou de se déplacer.
    « Ben alors… que peut-il bien y avoir à l'intérieur ‽ » La réponse est loin d'être compliquée(8) :
    Un schéma de virus

    • Un acide nucléique (ADN ou ARN) histoire que l'on puisse garder son identité. Eh oui, mieux qu'une carte d'identité, un brin d'ADN pour savoir ce que l'on est précisément ou un brin d'ARN, encore plus utile, car c'est à partir de lui que l'on crée les protéines.
    • Une capside pour protéger son code génétique et éviter d'être vaincu trop facilement. Un virus ne se laisse pas abattre sans lutter !
    • Une enveloppe, qui n'apparaît pas chez tous les virus. En effet, elle dépend de la capacité qu'a l'intrus à emprunter une partie de la membrane d'une cellule nous appartenant, ce qui lui permet de se cacher un minimum de notre système immunitaire.
    • Les glycoprotéines se trouvant à la surface de l'enveloppe, spécifiques à un virus et le rendant reconnaissable de manière unique pour nos anticorps(9).

    « Bon, pour l'instant, on ne sait pas trop si c'est vivant ou non comme bestiole… Alors, quel danger ça peut bien avoir ? » Comme je vous le disais quelques « lignes » plus haut, les virus sont incapables de se reproduire. Immédiatement, je vous vois réfléchir à comment on peut tomber malade avec un seul malheureux virus et conclure que c'est difficile. Exact, mais il y a un truc : pour se multiplier, il utilise un système relativement astucieux : détourner nos cellules pour se faire fabriquer des clones. Le problème ? L'ARN ou l'ADN du virus se retrouve à la place du nôtre, ce qui fait que la cellule va produire des virus en puisant dans ses réserves d'énergie jusqu'à mourir et donc relâcher d'autres virus, qui coloniseront d'autres cellules, etc. Du coup, on se fatigue à créer les futurs « soldats » pour lutter contre les virus et à recréer des cellules en remplacement des pertes.
    Et alors, comment se débrouille-t-on pour éliminer ces fichus virus ? On peut utiliser des antiviraux, qui sont des molécules perturbant le cycle de reproduction de ces intrus dans les cellules, mais qui n'arrêtent pas la maladie. Pour cela, la seule méthode qui fonctionne efficacement reste le vaccin, méthode qui consiste généralement à injecter des virus atténués ou inactifs afin que notre système immunitaire soit capable de réagir en cas de véritable attaque.

  • Voyons maintenant les champignons… Non, même si l'omnilogisme est long, il ne s'agit pas ici de nourriture ! Nous parlons ici des mycoses, et afin de satisfaire vos envies d'étymologie, ce mot vient de mukês, qui signifie précisément… champignon(10).
    Ici, pas grand besoin d'expliquer précisément ce qu'est un champignon : c'est vivant, relativement petit et ça colonise à peu près n'importe quelle partie de votre corps, passant des doigts de pied – la fameuse maladie des « pieds d'athlètes » – aux cheveux, voire les poumons, provoquant des infections ressemblant à des pneumonies. En plus, avec un peu de chance, vous tombez malade peu de temps avant et les champignons viennent s'installer, profitant de votre absence de réaction pour s'infiltrer un peu de partout.
    Le traitement consiste souvent à utiliser des antifongiques pour vous en débarasser, même si de nouveau, une bonne hygiène est conseillée pour éviter que les spores ne s'installent.

  • Finissons ce petit tour en compagnie des parasites, qui sont des insectes de petites tailles. Les plus connus sont les acariens, hantant vos draps quand Morphée vous rend visite, mais souvenez-vous également des moustiques, êtres malfaisants transportant toutes sortes de maladies plus ou moins agréables. Rappelez-vous également de vos jeunes années où vous reveniez la tête pleine de… poux.
    Pour s'en débarasser, ayez recours aux antiparasitaires avec précaution : en effet, s'il est bien agréable de se défaire de ces hôtes pour le moins gênants, il est relativement peu appréciable de les voir revenir dans une version plus puissante et résistante au shampooing que vous aviez essayé. Comme toujours, voyez avec votre médecin, qui sera le plus à même de vous dire quoi faire(11).

Que retenir de cet imposant pavé ? Que le terme microbe est impropre à l'homme – ou à la femme – de science que vous êtes, et qu'il vaut mieux lui préférer la catégorie exacte de vos maux : bactérie, virus, champignon ou parasite. Ainsi, en plus de passer pour quelqu'un d'instruit – ce que vous êtes déjà, puisque vous me lisez ! –, vous pourrez expliquer à vos amis la subtile différence entre ces différents organismes !


  1. (1) Il est bien mieux de se creuser la tête à trouver le pourquoi du comment !
  2. (2) Ce jeu de mot est mauvais et est totalement assumé par son auteure !
  3. (3) Pour rappel, on estime l'âge de la Terre à quelque quatre milliards d'années et demi.
  4. (4) Mais si je commence à faire des digressions sur l'origine de la vie, nous ne sommes pas arrivés !
  5. (5) Contrairement aux cellules dites eucaryotes, qui possèdent ce fameux noyau.
  6. (6) Cela fera l'objet d'un prochain omnilogisme !
  7. (7) Nous ne parlerons pas de celles vivant à Yellowstone !
  8. (8) Songez que si je suis parvenue à comprendre, vous êtes tout à fait capable d'en faire autant !
  9. (9) Ceci sera l'objet d'un autre omnilogisme, sinon, vous risquez de devenir meilleur que moi sur le sujet !
  10. (10) Étonnant, non ?
  11. (11) Vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenu, et je n'ai donc aucune responsabilité si vous décidez d'utiliser le feu pour purifier votre cuir chevelu !