Ah, les éléphants… Ne vous êtes-vous jamais demandé si, à défaut de ne pas savoir sauter(1), ils pouvaient courir ? Je reconnais qu'en voyant le gabarit du bestiau (près de cinq tonnes pour les plus massifs), on n'a pas trop envie de se poser la question… Mais pourtant, ces mastodontes de la savane peuvent atteindre la vitesse de 20 km/h ! Alors, courent-ils ou ne courent-ils pas ? Là est la question.

Et la réponse n'est pas si simple ! En effet, en photographiant divers éléphants en train de charger, des scientifiques se sont rendus compte qu'ils n'avaient jamais les quatre pattes en l'air en même temps, deux au minimum restent en contact avec le sol. Or, le fait de décoller les quatre pattes du sol est a priori une caractéristique fondamentale de la course chez les mammifères. En même temps, à une telle vitesse, on ne peut pas vraiment parler de marche.

Un scientifique, Norman Heglund, décide de mener en 2006 une expérience en Thaïlande pour trancher cette question épineuse (ce n'est d'ailleurs pas le premier à s'y intéresser). Il fait préparer une grande plateforme ultra-sensible (et ultra-résistante, vous vous en doutez), et fait défiler trente-quatre éléphants à vitesse élevée. Vous imaginez bien que la tâche n'est pas si simple, je vous passe toutes les mésaventures de l'équipe scientifique, et arrive à la conclusion du scientifique. Et la réponse est « Les deux, mon capitaine ! »

Il semblerait en effet que l'éléphant, lorsqu'il accélère, court avec les pattes avant, qu'il plie d'une façon caractéristique de la course, et marche avec les pattes arrière, qui restent rigides. De plus, il se déplace de façon très économique : pas de sautillements, son centre de gravité se déplace sur une ligne horizontale quasi-parfaite (il oscille d'à peine 1 cm, ce qui est ridiculement petit), avec une fréquence de pas élevée. Cela lui permet de consommer trois fois moins d'énergie qu'un être humain.

Et l'explication à tout ça ? Personne ne sait vraiment, l'éléphant essaie de passer de la marche au trot, mais se perd dans la transition, ce qui est forcément très… trompeur.


  1. (1) Et contrairement à une idée répandue, ce ne sont pas les seuls ! Sérieusement… imaginez un hippopotame piquer une tête dans son étang.