On connaît l'influence de l'art grec sur les artistes de la Renaissance. Découvert en 1506, le Laocoon, sculpté au premier siècle avant Jésus-Christ, représente à lui seul une source d'inspiration majeure.

Laocoon, un prêtre troyen qui dédie sa vie au dieu Poséidon, est un personnage secondaire de la mythique guerre de Troie. Lorsque, un beau jour, les Troyens découvrent un immense cheval de bois abandonné par l'ennemi aux portes de leur cité, forcément, ils se posent des questions… Certains y voient un symbole de leur victoire, un ultime cadeau que leurs ennemis, les Achéens, ont laissé en guise de soumission. D'autres y voient un piège et ne sont pas très enclins à accepter ce cadeau peut-être empoisonné… Laocoon fait parti de ceux-là et insiste pour qu'on brûle ce cheval de bois sur-le-champ. Il aurait prononcé cette célèbre phrase, reprise plus tard par Virgile : « Je crains les Grecs, même lorsqu'ils apportent des présents ».

Les débats font rage entre Troyens lorsque apparaît un esclave abandonné par l'armée grecque, Sinon.
– Sinon quoi ?
– Non, Sinon, c'est son nom.
– Son nom ? Mais le nom à qui ?
– Mais à l'esclave laissé par les Grecs, pardi !

Et Sinon leur raconte qu'il a été abandonné là par ses maîtres, tout comme le cheval, en guise d'ultime offrande à la cité troyenne. L'armée grecque ? Partie, envolée, rentrée dans le Péloponnèse ! Comme pour appuyer ses dires, deux immenses serpents sont envoyés par Poséidon pour tuer Laocoon et ses deux enfants. Les Troyens en sont maintenant convaincus : les dieux sont de leur côté ! Et ils font rentrer sans crainte le cheval au cœur de leur cité…

La Procession du cheval dans Troie, par Tiepolo (XVIIIè siècle)

La suite, on la connaît !
– Je pige pas… L'esclave, là, le fameux Sinon, il a été chargé par les Grecs de convaincre les Troyens d'accepter le cadeau, c'est bien ça ?
– Oui, t'as tout compris !
– Mais… et Laocoon ? Il a consacré toute sa vie à Poséidon et finalement le dieu le bute lui et ses enfants ?
– Eh oui ! Les dieux prennent une place importance dans le conflit de la guerre de Troie, chacun d'entre eux choisissant un camp ou l'autre. Poséidon était du côté des Achéens à cause d'une vieille dette que le roi de Troie n'aurait pas honoré…
Comme vous le savez, cher lecteur, le cheval de bois n'est qu'une ruse fomentée par l'armée grecque : à l'intérieur de celui-ci se cachent des combattants hors pair qui, une fois au cœur de la cité de Troie, ouvriront les portes de la ville et massacreront tous ses habitants…

Laocoon et ses deux fils luttant contre les serpents envoyés par Poséidon. Ier siècle av. J.-C., musée Pio-Clementino

Maintenant que vous connaissez le mythe derrière le Laocoon, vous pouvez savourer dans les moindres détails cette magnifique statue. De la torsion du torse musclé du personnage central qui donne à l'œuvre son énergie et son dynamisme, aux draperies qui contrastent avec l'aspect lisse de la peau, en passant par les détails dans les visages torturés, tout concourt à magnifier la noblesse héroïque du sujet.

Pas étonnant que cette statue éblouissante émerveilla les artistes de la Renaissance, Michel-Ange en tête !